PRAGUE (MPE-Média) – Entamée par une description précise des changements en cours dans le monde de l’acier, la session métaux ferreux du Bureau International du Recyclage (BIR) accueillait la consultante américaine Becky Hites et le Ministre indien de l’acier M. Sunil Barthwal. Détails et chiffres délivrés par M. Willeke (BIR Allemagne).

Les aciéristes chinois dans leur ensemble subissent d’importantes pertes, supérieures à 2,5 milliards de dollars au premier semestre 2015. Le contexte mondial et les prix des ferrailles d’acier sont encore difficiles, souligne William Schmiedel, Président de la Division “Ferrous” du BIR réunie ce mardi 27 octobre à Prague.

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William Schmiedel, Pdt de la Division métaux ferreux du BIR (ph MPE-Média)

Le tour d’horizon global proposé par le britannique Tom Bird (Mettalis Recycling Ltd) confirme les propos de M. Schmiedel : même les aciéristes des Etats-Unis dont la meilleure santé s’affirme ces derniers mois ne tirent pas des marchés actuels la substantifique moëlle financière qu’ils pouvaient espérer l’an dernier, tandis que leurs homologues européens souffrent, en particulier Tata Steel Europe (Royaume-Uni).

M. Bird évoque aussi les conflits commerciaux entre les exportateurs chinois et l’Europe souffrant de distorsion de compétitivité et dont les acteurs du secteur dénonçent l’arrivée de produits non conformes à leurs grades. Il en résulte un marché des ferrailles touché en aval de la filière par ces bas niveaux de prix et ces irrégularités.

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L'usage de ferrailles dans la production primaire d'acier (Source BIR/Willeke)

Présentant les statistiques qu’il compile et vérifie pour le BIR, l’allemand Rolf Willeke en charge des études économiques pour la "ferrous division" du BIR, débute par les variations de consommation de ferrailles comparées à celles de la production d’acier brut, toujours en baisse partout sauf en Europe et en Russie au premier semestre 2015 comparé à la même période de 2014.

L’Europe est la seule région du monde où la consommation apparente de ferrailles est encore en légère hausse de 0,8% sur un an, poursuit Rolf Willeke.

Du côté des importations nationales, notez la baisse de 12,9% des importations turques, de 35,5% des importations coréennes, mais aussi la hausse de près de 30% des importations indiennes, le bond de celles de la Biélorussie (53,8%) et de l’Ukraine (59,3%, suite à une relative accalmie dans ce pays en 2015).

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Courbe des prix moyens européens des ferrailles achetées par la Turquie de sept. 2014 à sept 2015 (source BIR/Willeke)

Les grands flux mondiaux résumés par M. Willeke indiquent une baisse de 12 % des exportations européennes vers le reste du monde, le Royaume-Uni restant le premier exportateur de ferrailles de l’Union. Les exportations allemandes sont également en baisse de quelques points.

Les exportations japonaises sont en hausse de 10,8% au premier semestre 2015 comparé au premier semestre 2014.

La Turquie demeure le premier acheteur de ferrailles nord-américaines (+10,2%) malgré le coup de froid engendré par la situation géopolitique nationale et régionale.

Les exportations de ferrailles du Canada sont en forte baisse de plus de 25 points. Celles de l’Australie sont aussi en baisse de 14,6% dans la même période du S1 2015. Les exportations de ferrailles d’Afrique du Sud sont aussi en baisse de 9,4% sur un an au premier semestre 2015.

Concluant son intervention sur les dernières données compilées par le BIR et la division allemande des métaux ferreux, Rolf Willeke a conclu sur le fait que cette année encore, il convenait d'interroger ces variations saisonnières avec prudence out en remarquant que la tendance générale était plutôt baissière à de rares exceptions près.

 

Christophe JOURNET

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Becky Hites (Steel-Insight, USA):

Contraction de l’économie mondiale sur fond de vagues dûes au changement global

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Mme Becky Hites, consultante spécialisée acier chez Steel-Insight (Etats-Unis) a brossé un tableau précis et vivant de l'économie mondiale et ses impacts sur les ferrailles et l'acier (ph CJ MPE-Média)


PRAGUE (MPE-Média) – La Division “Ferrreux” du BIR proposait ce mardi une intéressante présentation d’une analyste américaine sur les mutations du marché mondial et ses conséquences visibles.

Présentant l’état du marché mondial, Mme Becky E. Hites (Steel-Insights LLC, USA) note que le produit domestique global continue pourtant d’augmenter et que l’Europe et l’Amérique du nord représentent à elle seules près de la moitié de l’économie mondiale, dont 22% pour les Etats-Unis. Mme Hites ajoute que le Japon, la Russie et le Brésil étaient en baisse en 2014 côté produit intérieur brut. Et de conclure que la croissance globale a probablement atteint un “point haut” l’an dernier.

Faisant observer les pics récents de croissance accompagnés de hausse des prix des commodités, Becky Hites montre comment “le monde demeure vulnérable face à une décroissance qui pourrait approcher une performance zéro : un autre crash n’est pas loin car les banques ne font pas preuve de résilience depuis la dernière crise de 2008”, ajoute-t-elle en citant les avis de la Banque mondiale et du Fonds monétaire internationale qui confirment cette vulnérabilité de l’économie mondiale dans la période.

Surproduction globale pour l'énergie aussi

Sur le front de l’énergie enfin, Mme Hites souligne que le monde est en surproduction depuis cinq trimestres et que les bas prix du pétrole ne constituent pas un indicateur de reprise.

Après huit années de forte croissance chinoise, les prix des commodités retombent et ne sont plus compétitifs, exemple des prix des ronds à béton turcs à la clé, revenus à leur valeur de 2008 cette année et des baisses de prix des produits plats et des longs chez Nucor (USA) de 2012 à ce jour, même si les marges de ce producteur américain pour ses ventes d’aciers marchands ont été peu ou prou préservées cette année.

Toutefois, Mme Hites pense que la Chine a commencé à réduire ses surcapacités de production d’acier et que l’économie de ce pays reste sous contrôle : “nous vivons une époque instable avec des acteurs qui tentent de réajuster leurs affaires sans prendre de coups”, conclut-elle. Selon qu’on regarde les choses en tant que producteur ou que consommateur, elles ne sont pas les mêmes. Mme Hites note que pour la première fois, la banque de Chine a émis pour 5 milliards de bons du trésor en yuan destinés à couvrir des opérations au London Metal Exchange, courant octobre, faisant de la monnaie chinoise une monnaie acceptée pour le commerce international, a priori stable, au moment où le dollar se reprend juste depuis quelques mois : “le dollar n’est pas fort grâce à l’économie américaine mais uniquement parce que le reste du monde est faible”, estime Mme Hites.

Le minerai de fer à 30$/tonne

Expliquant la baisse des prix des commodités (minerai de fer par exemple, qui pourrait encore descendre à 30$/tonne cif Chine) par la parité entre le dollar et les monnaies locales des pays producteurs de ces ressources, Mme Hites note que tant que le dollar est fort, les monnaies faibles à ressources low cost ne pourront pas diriger le marché. Ce qui est vrai pour l’acier mais aussi pour les autres industries : elle préconise donc de réduire les coûts, de pratiquer le hedging pour réduire son exposition au marché et fait observer aux recycleurs que les courbes de prix en baisse partout dans le monde correspondaient aussi à une année 2014 où les exportations américaines ont chuté et où l’Europe devenait premier exportateur mondial.

Interrogée sur l’impact possible sur le marché global d’un nouveau contrat à terme sur les ferrailles ferreuses lancé en novembre 2015 par le London Metal Exchange (LME) et sur le fait qu’il soit ou non dirigé par la Chine via Hong-Kong Exchange, Mme Hites estime qu’il a fallu dix ans pour que les contrats de hedging sur l’aluminium prennent corps et soutiennent l’industrie du métal blanc. Le Pdt de la Division acier du BIR M. Schmiedel estime qu’il est probablement temps que l’industrie dispose d’un tel outil pourtant contesté par les producteurs d’acier brut et que oui, la Chine dirige à présent ce marché de l’acier et des ferrailles, avant même que le LME s’en mêle.

 

Jo Gatsby

 

A propos des prix : Les volumes d’acier devraient être en baisse de seulement 1,6% cette année mais le marché semble être dans une impasse. Quels sont les facteurs qui tirent les prix vers le bas dans nos marchés, se demande Becky Hites, qui précise que les fermetures récentes de ferrailleurs dans le sud des USA étaient surtout dûes aux coûts logistiques lors des livraisons aux aciéries qui dépassent le potentiel de marge des vendeurs.

 

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L’Inde et l’acier : M. Sunil Barthwal, Ministre de l’acier indien

 

PRAGUE (MPE-Média) – Invité par le BIR à sa Convention d’automne de Prague, le Ministre indien de l’acier M. Sunil Barthwal souligne que l’Inde de l’acier n’est pas aussi proche de la Chine qu’on pourrait le croire.

Aux yeux du Ministre indien de l’acier, c’est la qualité qui prime sur les volumes et l’Inde demeure une puissance importatrice d’acier, contrairement à la Chine qui est exportatrice nette et conserve d’importantes surcapacités : “nous ne voulons pas que la qualité souffre et que la demande d’acier dans notre pays en souffre”, explique M. Barthwal.

Pour M. Barthwal répondant à une question d Pdt du BIR M. Singh Baxi, l'Inde trouve sa différence dans sa volonté de respect de tous ses partenaires dans le monde entier. As a matter of fact, personne ne se plaint des surcapacités indiennes dans la période.

 

Jo Gatsby

Voir aussi sur :

www.bir.org

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A lire aussi dans notre 33e lettre MPE-Média de novembre-décembre 2015 accessible sur adhésion annuelle.

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