ROME (MPE-Média) – Le gouverneur de la Région des Pouilles Michel Emiliano remet sur le chantier le devenir de l’aciérie Ilva (groupe Riva) toujours bloquée par une procédure judiciaire environnementale, en proposant à l’Etat et aux aciéristes une reprise en main du site par les aciéristes. Résumé.

Depuis près de cinq ans, l’avenir de la plus grande aciérie d’Europe située à Tarente (Italie, Pouilles) est en question à la suite d’une longue série de plaintes d’habitants de la région consécutive à des décès liés à la présence dans l’air de particules toxiques issues des émissions de ce site de production d’acier ayant provoqué des cancers et des affections chroniques des bronches attestées par le corps médical italien.

Dans une adresse aux pouvoirs publics italiens, le Gouverneur de la région des Pouilles M. Michele Emiliano vient de demander que la situation de l’aciérie Ilva de Tarente soit reconsidérée au vu des incohérences de la procédure en cours et de l’impossibilité pour la Justice italienne et les Ministères concernés de faire avancer le dossier, chacun se rejetant la responsabilité de l’affaire, au grand damn des syndicats et des clients du site. M. Emiliano propose que des moyens financiers soient engagés à partir de l’argent du groupe Riva bloqué en Suisse pour construire une aciérie écologiquement neutre produisant de l’acier avec le procédé DRI (minerai de fer réduit à la source utilisant moins de charbon à coke lors de la production d’acier avec captation des émissions de gaz à effet de serre).

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Fronton de l'aciérie Ilva à Tarente (Source Ilva Riva Group)


Rappel des faits

Durant l’été 2011, la justice et le parquet local de Tarente avaient demandé la mise sous cocon et la remise à niveau des hauts fourneaux et des autres unités de production d’aciers plats et longs du site qui employait encore plusieurs milliers de salariés et produisait près de 5 millions de tonnes d’acier brut par an, soit davantage que l’aciérie française d’ArcelorMittal à Dunkerque, deuxième plus grande unité européenne dans la période.

 

Le propriétaire de l’aciérie (groupe Riva, alors dirigé par Emilio Riva, décédé depuis) avait alors tenté de temporiser et de déléguer la responsabilité juridique de cette filiale de son groupe dont la direction allait être confiée à un administrateur judiciaire à son fils Fabio Riva, lequel avait quitté le territoire italien pour pouvoir rester en liberté après qu’un mandat d’arrêt international ait été émis à leur encontre par la justice italienne.

 

Retrouvé peu après à Londres, Fabio Riva avait été placé sous contrôle judiciaire et assigné à résidence par les autorités britanniques à la demande de leurs homologues italiens. Dans le même temps, une enquête pour tentative de corruption de personnels politiques de la région des Pouilles et une autre investigation portant sur la fuite de capitaux familiaux en Suisse étaient ouvertes par Rome à la demande des autorités italiennes.

 

La fermeture réclamée par la Justice

Le Juge d’instruction en charge du dossier d’Ilva-Riva à Tarente avait ensuite réclamé la fermeture totale des hauts-fourneaux et la mise à pied de ses personnels, en réclamant d’importants investissements pour les remettre en état et aux normes anti-pollution, obligeant le groupe à mettre ses salariés en chômage technique et ses clients à trouver de nouveaux fournisseurs d’aciers plats et longs en Italie et en Europe, voire par le biais des importations d’acier provenant de Chine ou d’autres régions du monde.

« La logique suivie par la Magistrature dans ce dossier n’aboutit à rien, ni à pouvoir fermer l’aciérie ni à permettre d’avancer. Je préconise donc une opération vérité car il apparaît évident que ce ne sont pas les magistrats qui doivent sauver Ilva », a déclaré M. Emiliano en suggérant qu’un projet industriel faisant appel à une pluralité de technologies sidérurgiques soit mis en œuvre à Tarente pour sauver les emplois qui peuvent encore l’être et réadapter le site à la réalité de la demande : « l’aciérie Ilva perd encore près de 50 millions d’euros par mois à cause de cette situation, alors que nous savons qu’une somme de 1,2 milliards d’euros qui appartenait au groupe Riva a été placée sous séquestre en Suissse et ne peut donc être utilisée pour achever de remettre à niveau le site », poursuit le Gouverneur de la région des Pouilles, insistant pour que l’Etat italien prenne de nouveau en main le dossier.

 

C.J. avec Correspondant à Rome

Voir aussi sur :

http://bari.repubblica.it/cronaca/2015/11/01/news/ilva_l_ira_di_emiliano_i_commissari_gestiscono_male_-126418687/?ref=HREC1-24&refresh_ce

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