BRUXELLES (MPE-Média) -  Le Steel Day 2016 d'Eurofer, l'association européenne des producteurs d'acier a été l'occasion ce jeudi 21 avril pour les dirigeants de cette importante organisation de réaffirmer à la fois les enjeux dans la période et les solutions pour assurer un meilleur futur aux dizaines de milliers de personnes travaillant dans ce secteur industriel majeur : "Construire un futur aussi solide que l'acier" était le thème du jour. Détails.

 Le nouveau Président d'Eurofer M. Geert van Poelvoorde, dirigeant européen d'ArcelorMittal, est entré dans le vif du sujet en expliquant en quelques chiffres la situation : depuis ces dernières années, 85 000 emplois ont été perdus par cette industrie confrontée à des exportations chinoises fabriquées dans des conditions qui ne respectent pas celles du libre échange et des règles de compétitivité internationales, au détriment des produits des autres régions du monde.

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GD : MM. Geert Van Poelvoorde et Axel Eggert, respectivement Président et Directeur général d'Eurofer (Ph CJ MPE-Média)

L'emploi direct ou indirect (plus de 6 emplois indirects pour un emploi direct en Allemagne dans le secteur de l'acier) est menacé en Europe par l'arrivée de tonnes d'acier chinoises provenant d'un marché régional où les surcapacités empêchent les producteurs d'obtenir des prix de marché corrects, d'autant que Pékin continue à subventionner et réguler ce marché d'une façon contraire aux règlements de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), tout en réclamant en 2016 une reconnaissance mondiale en tant qu'économie de marché.

"Imaginez que vous n'ayez plus du tout d'acier produit en Europe à cause de ces surcapacités exportées par la Chine. Nous pourrions rester plus de quinze ans dans une situation précaire pour nos approvisionnements, avec le risque que les coûts de cet acier provenant de Chine augmentent au gré de la volonté des producteurs et des transporteurs", poursuit M. Van Poelvoorde.

Les trois points cruciaux du rééquilibrage :

La taxation des importations en Europe, le refus du statut d'économie de marché pour la Chine, la révision rapide du programme de négoce des droits d'émissions (ETS) pour l'industrie de l'acier

Le Pdt d'Eurofer demande donc à la Commission européenne de mettre en place des taxes à l'importation assez dissuassives pour réguler cette concurrence déloyale : "En Europe, nous connaissons des dificultés pour obtenir ces mesures. Il faut jusqu'à 16 mois avant que la Commission arrrête ces niveaux de taxes. Or il y a dumping, nous devons mettre en place des mesures anti-dumping", ajoute Geert van Poelvoorde. Mais l'Europe ne veut pas pour l'instant dépasser une taxation à 16% de la valeur nominale des produits en acier chinois contre plus de 260% aux Etats-Unis d'Amérique pour les mêmes produits.

Deuxième question, celle de l'obtention d'ici à la fin 2016 du statut d'économie de marché par la Chine, que celle-ci réclame d'un point de vue statutaire après des accords signés voici 15 ans impliquant un contrôle de la réalité des modes d'exercice du commerce international et interne de la Chine dans l'année avant une réponse par l'OMC et chaque région du monde d'ici à la fin 2016.

Enfin, Eurofer fait face à une autre question cruciale, celle de la refonte du programme de réduction des émissions de gaz et des quotas d'émissions autorisées avec un principe de réduction progressive associé à une hausse des prix du carbone et des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2025-2030.

"Parler et facile, faire est plus difficile, ici comme ailleurs", explique le Pdt d'Eurofer, qui justifie la position de son organisation par les nombreux efforts déjà réalisés par les industriels pour réduire leurs émissions de CO2. "Les états et les gouvernements doivent donc tout faire pour nous aider à rééquilibrer ces choses, réduire les surcapacités là où elles existent, notamment en Chine qui produit plus de la moitié de l'acier mondial", demande M. Van Poolvoerde.

"Voilà donc trois problèmes : le négoce, le statut d'économie de marché de la Chine, les conditions de refonte des ETS (emissions trading scheme), résume Geert van Poolvoerde.

Les bases du benchmark différentes entre l'Europe et les Etats-Unis 

"Il est important que la Commission européenne acte le fait que la Chine est en dehors des clous sur ces points", renchérit M. Axel Eggert, Directeur général d'Eurofer.

"La Commission collecte des données, les compare avec celles collectées aux Etats-Unis et dans les autres régions. Les prix sont dans la presse, il est donc facile de savoir ce qu'il en est", nous répond M. Van Poolvoerde. En fait, les benchmarks de la Commission ne tiennent pas compte des mêmes bases de calcul des taxes à mettre en place, précise M. Eggert. La Commission demande aussi aux négociants chinois de leur donner leurs tarifs, ensuite elle discute avec les services américains qui ont choisi de leur côté de taxer à 260% les importations chinoises "parce que certaines compagnies chinoises ont refusé de coopérer avec elles", complémente le pdt d'Eurofer.

Christophe Journet

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