PARIS (MPE-Média) – La croissance de l’économie française en 2016 est proche de 1,6% sur un an en fin de 3e trimestre, annonce la Coface qui anticipe une baisse de celle-ci à 1,3% en 2017. L’automobile reste résiliente à quelques jours du Mondial de Paris mais s’externalise de plus en plus, ajoute l’analyste en charge du secteur.

Economiste en chef pour COFACE, Julien Marcilly anticipe une croissance 2016 française à 1,6% et 2017 à 1,3%, hors risques liés au Brexit, à l’Italie (progression des réformes Renzi), à la sortie de crise agricole en France.

« On ne peut pas exclure le risque politique en France, avec les élections et l’économie des ménages, la confiance de ceux-ci et des entreprises, un sujet important que nous essayons de mesurer, de quantifier », ajoute Julien Marcilly.

L’économiste en chef de Coface ajoute un risque de moyen terme : « les politiques monétaires actuelles, positives à court terme, peuvent avoir un effet négatif à ce stade, si les banques continuent à prêter à des entreprises insolvables, comme au Japon voici quelques années ».

Forte volatilité des défaillances d'entreprises ...

Coface observe actuellement une forte volatilité des défaillances d’entreprises, en baisse de 1,9% sur un an, « une bonne nouvelle » pour Paul Chollet, l’analyste en charge de ces questions, qui en a recensé 58 400 en France depuis le début 2016. « Près de 3 entreprises sur 10 créées hors auto-entrepreneurs font défaut dans les 3 premières années », ajoute-t-il.

« Ces défaillances s’observent plus en Ile-de-France, en Normandie et en Corse que dans les autres régions », précise la même source, notamment dans les transports, les textiles, les services aux particuliers et l’agro-alimentaire pour l’Ile-de-France.

« L’effet des attentats a affecté les transports », note Paul Chollet, ainsi que les services et la restauration, mais aussi « l’uberisation de l’économie française qui affecte les secteurs des taxis et des VTC ».

 

... Mais baisse des défaillances en 2016

Toutefois, Coface anticipe une baisse des défaillances d’entreprises en 2016 comparé à 2015, de 3,4%. L’accès au crédit des entreprises auprès des banques ou des marchés obligataires semble aussi s’améliorer, note l’analyste de Coface, qui ajoute que les entreprises françaises se tournent plus vers les obligations pour financer leurs dettes (40%), parce que les taux d’intérêts des marchés sont les plus avantageux, proches de zéro ou négatifs depuis peu.

Paul Chollet fait remarquer que les banques françaises restent solides, avec un taux d’emprunts non performants le plus bas des grands pays d’Europe, proche de 5%.

Le E-commerce en hausse de 21% sur un an au 2e trimestre en France impacte aussi les résultats du secteur textile habillement, mais d’une façon négative, par perte du chiffre d’affaires direct de groupes français suite à la hausse des achats en ligne à leurs concurrents mondiaux.

 

Secteur automobile toujours résilient

Le secteur automobile français continue à mieux se porter avec 6,1% de hausse des immatriculations de janvier à août 2016, précise Khalid Ait Yahia, analyste Coface en charge du sujet et des métaux. Coface réévalue le risque sectoriel auto en « risque faible ».

Depuis 2007, la variation des ventes automobiles en France reste négative à -9,1% alors que celle du Royaume-Uni est à +9,5%, devant l’Allemagne à +1,8%.

La variation de la production automobile française de 2007 à 2015 reste encore en forte baisse : -39,1% pour la France contre 0% pour l’Allemagne, +1,1% pour l’Espagne, +3,5% pour le Royaume-Uni, -4,4% pour l’ensemble de l’Union européenne.

Les ventes de véhicules constatées en 2015 s’élèvent à 16,3 millions d’unités pour l’Europe, 5,7 millions pour l’Allemagne, 2,2 millions pour l’Espagne, 1,5 million pour le Royaume-Uni et pour la France, 0,6 million pour l’Italie.

Les équipementiers réalisent de meilleures marges que les constructeurs automobiles eux-mêmes, en particulier Plastic Omnium et sa division automobile, suivi par Valeo, note Coface qui observe une externalisation de la R&D à l’étranger pour cette dernière, notamment vers la Chine (environ 3 000 ingénieurs délocalisés).

Toutefois, la valeur ajoutée du secteur auto en France est encore en déclin de 29% de 2008 à 2014, alors qu’elle croit de 3% pour l’ensemble de l’industrie, avec une érosion du solde commercial automobile de -7,1 milliards d’euros en 2015 comparé à 2014, précise l’analyste de Coface.

 

La forge reste en souffrance en France

Pour Patrice Julé, analyste en chef du secteur, la partie forge souffre plus que les autres en amont ainsi que certaines sociétés en charge de la distribution et de la réparation, au pro-rata de la hausse des ventes de voitures neuves. M. Julé cite notamment le groupe Arche, en difficulté alors que le secteur auto progresse, qui n’a pas profité de cette hausse et se retrouve dans l’obligation de se retructurer pour des raisons en cours d’analyse entre les banques, les clients finaux, les équipementiers de rang 1, 2, 3. Et la meilleure santé de Saint-Jean Industries en 2016 comparé à 2015, le fruit d’une stratégie solide et internationalisée.

M. Julé rappelle aussi la fermeture récente d’Aulnay chez PSA, les restructurations chez Renault Trucks qui a relocalisé à Lyon Saint-Priest, les meilleures marges des équipementiers (Mecaplast), les impacts de la baisse des prix des matières premières et du pétrole qui ont affecté les fournisseurs en amont, une moins bonne parité entre l’euro et les devises asiatiques en 2016.

« Il y a un risque fort sur la filière métaux mais le contexte reste porteur pour le secteur auto », ajoute Patrice Julé, qui cite la migration entre pièces acier et aluminium chez Tesla automobile comme un exemple de ce qui peut affecter ou intéresser le secteur forge. M. Julé évoque aussi les rachats en cours dans le secteur des pneumatiques et l’impact du E-commerce sur les pièces, ainsi que l’érosion du diesel qui se poursuit en France : « les gagnants seront ceux qui auront des stratégies dissociées à l’international, tenant compte des situations propres à chaque grand marché, en Chine, en Amérique latine, dans les autres régions du monde, ou dans les marchés qui vont s’ouvrir comme l’Iran », conclut-il. Sans oublier les impacts à venir de la « dédieselisation » de l’automobile française.

 

Christophe Journet

 

A propos de COFACE – Le Groupe Coface, un leader mondial de l'assurance-crédit, propose aux entreprises du monde entier des solutions pour les protéger contre le risque de défaillance financière de leurs clients, sur leur marché domestique et à l’export. En 2015, le Groupe, fort de 4 500 collaborateurs, a enregistré un chiffre d’affaires consolidé de 1,490 Md€. Présent direc- tement ou indirectement dans 100 pays, il sécurise les transactions de plus de 40 000 entreprises dans plus de 200 pays. Chaque trimestre, Coface publie son évaluation du risque pays dans 160 pays, en s'appuyant sur sa connais- sance unique du comportement de paiement des entreprises et sur l'expertise de ses 660 arbitres et analystes-crédit localisés au plus près des clients et de leurs débiteurs. En France, le Groupe gère également les garanties publiques à l'exportation pour le compte de l'Etat.

 

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Mis à jour (Mardi, 27 Septembre 2016 15:32)