PARIS (MPE-Média) - Un débat semble-t-il fructueux a eu lieu récemment entre les dirigeants de la Fédération des entreprises du recyclage (Federec) et le Président d'ArcelorMittal France Philippe Darmayan avec le PDG de Laplace-Conseil Marcel Genet, à propos de la compétitivité de la filière ferrailles comparée à celle des aciéries intégrées au minerai de fer. Détails.

 Cette rencontre organisée par Federec à l'occasion d'une de ses "nocturnes" fait suite à plusieurs rencontres préalables entre les représentants des entreprises du recyclage de ferrailles, leur Président Jean-Pierre Gaudin et le Pdt d'ArcelorMittal et celui d'Ascométal en 2015 et en juin dernier, organisées par MPE-Média durant nos "Matinées de l'acier".

Cette fois, les positions des aciéristes et celles des recycleurs résumées par MM. Darmayan, Genet et Gaudin semblent se rapprocher sur l'idée qu'après la restructuration intervenue et encore en cours dans l'acier européen, il est temps q'une réflexion poussée suivie d'actions concertées dans les deux professions de la filière de l'acier dit "électrique", produit à partir de ferrailles, puisse se construire pour restaurer les marges de part et d'autre.

Après description de l'historique en France, en Europe et dans le monde avant, pendant et après la croissance éclair chinoise, suivie par un afflux d'exportations d'acier chinois à des prix très bas qui ont mis à mal la sidérurgie des autres régions du monde dont l'Europe, M. Darmayan a expliqué comment lui et ses pairs européens ont obtenu de l'Union européenne qu'elle mette en place dès que possible des taxes de 25% sur les produits chinois et russes fixés dans des conditions assimilables à du dumping étatique.

 

Le prix du minerai de fer arbitre celui des ferrailles

"Nous savons que les aciéristes chinois produisent à perte, combien et pourquoi, aussi avons-nous expliqué cela aux membres de la Commission européenne en charge de l'industrie", a déclaré M. Darmayan, qui souhaite pouvoir continuer à développer les industries de l'acier dans de meilleures conditions : "on a eu de la chance cette année car le prix du minerai de fer est remonté, alors que celui des ferrailles était plus élevé et favorisait la production d'acier par des usines intégrées", a-t-il poursuivi.

Actuellement l'écart de prix entre le minerai de fer et les ferrailles pour produire de l'acier "mange" les marges des aciéristes à raison de 40€/tonne de plus en moyenne, ce qui leur interdit pratiquement d'en ajouter en produisant de l'acier primaire en haut-fourneau.

Les solutions préconisées par M. Genet, expert de longue date du domaine sont les suivantes : consolider, restructurer la filière ferrailles, faire s'associer les recycleurs, réduire les surcapacités de broyage de ferrailles, moderniser les relations entre le sidérurgistes et les recycleurs, réduire les coûts d'électricité des usines de part et d'autre, les émissions de CO2 et le faire savoir.

M. Genet a dénombré 80 acteurs alimentant près de 200 fours électriques en Europe, 80% de l'acier électrique européen provenant de 16 sociétés d'un côté, confrontés en amont à plus de mille sociétés de recyclage travaillant sur près de 10 000 sites différents de collecte et de retraitement.

"Trop d'entreprises accèdent en direct auxx sidérurgistes, il est nécessaire de mieux réguler l'accès aux clients finaux", a estimé Marcel Genet, citant l'exemple de l'aciériste américain Nucor, premier producteur d'acier aux Etats-Unis, dont la filiale David J. Joseph est la plus grande société de recyclage de ferrailles d'Amérique du nord, Nucor étant devenu le plus rentable sur ce terrain d'activités.

 

La filière ferrailles diminue l'effet de serre et ne devrait pas être taxée

"Vous devez faire savoir que la filière du recyclage contribue fortement à la réduction de l'effet de serre et qu'il n'est pas normal que vos activités soient plus taxées sur le CO2 que la filière intégrée, vous devriez demander aux pouvoir publics que votre filière soit exemptée de taxe CO2", a déclaré Marcel Genet.

Bien du chemin reste à faire, à en croire le Pdt de Federec M. Carpentier qui ne se voit pas arbitrer entre ceux de ses adhérents qui devraient "avoir le droit de vivre et ceux qui devraient avoir le droit de mourir", alors que plusieurs participants dans le public soulignaient quand à eux qu'il ne fallait pas attendre que la situation soit plus critique pour les recycleurs avant d'agir.

"La Chine est encore loin d'exporter sa ferraille car ses infrastructures sont jeunes. Mais un jour, ça peut venir aussi", a conclu Marcel Genet. En attendant, la publication des indices de prix par l'Alliance Minerais Minéraux Métaux (A3M) que préside Philippe Darmayan est toujours supendue depuis janvier dernier.

Christophe Journet

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Mis à jour (Mercredi, 21 Septembre 2016 14:00)