BRUXELLES (MPE-Média) - Placée sous le double signe de l'innovation et du climat, la 7ème édition de la journée de l'acier d'Eurofer 2017 en cours ce mercredi 10 mai à Bruxelles attend 400 professionnels de la sidérurgie représentant près de 320 000 emplois et 170 millions de tonnes d'acier en 2016, pour parler du "futur digitalisé, décarbonné pour l'acier".

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De gauche à droite : Geert Van Poelvoorde, président d'Eurofer, Axel Eggert Directeur général d'Eurofer (ph CJ MPE-Média)

Le Présient d'Eurofer Geert Van Poelvoorde, dirigeant d'ArcelorMittal Europe et le Directeur général d'Eurofer Axel Eggert ont débuté leur rapport sur l'année 2016 en notant une poursuite de la demande d'acier en Europe l'an dernier mais à un rythme modéré, analogue à celui de la croissance européenne elle-même, à +3,2%. Mais les importations d'acier en Europe ont eux aussi continué à augmenterde plus de 9% en 2016 pour la 4è année consécutive.

Eurofer réclame toujours une "modernisation des instruments de défense commerciale", thème qui s'est avéré devenir un vrai sujet l'an dernier, en particulier face aux exportations d'acier chinois. Le Directeur général d'Eurofer Axel Eggert s'inquiète aussi des hausses de capacité de production d'acier comme l'Iran (24 Mt de plus), la Russie (70 Mt de nouvelles capacités) malgré l'évidence de situations de dumping commercial dans ces pays.

Evoquant l'image de l'acier européen, le Pdt d'Eurofer Geert Van Poelvoorde a souhaité que certains médias arrêtent d'llustrer leurs reportages et articles avec des images d'hommes en combinaisons de travail perdus dans la fumée des usines, vieilles photos qui ne représentent plus les conditions de production actuelle : "nos usines sont digitalisées, propres, plus rapides en production que les producteurs de portables", a-t-il déclaré.

De nouveaux cas de dumping sur les produits

Mais les pratiques commerciales de pays tiers comme la Chine dont les exportations vers l'Europe sont pratiquées de façon non respectueuse des intérêts des autres, alors que l'Europe anticipe une nouvelle réduction de 15 Mt de sa production d'acier en 2017, restent un vrai souci pour l'Association des producteurs d'acier européens.

Ces derniers mois, Eurofer a noté plusieurs enregistrements de plaintes anti-dumping contre des produits en acier chinois mais déplore toujours des délais trop longs d'instruction de ces dossiers.

"Nous avons déjà 25% d'importations d'acier en Europe, ce qui signifie que ces tonnages ne sont pas produits en Europe", précise Geert Van Poelvoorde. Ces cas concernent aussi l'Ukraine, l'Iran, le Brésil et quelques autres. "Le problème est qu'en dépît de l'évidence que des conditions de dumping sont constituées, la Commission ne prend pas toujours les mesures ad hoc dans les délais requis", ajoute le Pdt d'Eurofer, s'étonnant que les preuves sont mêmes publiées par la Commission sans que celle-ci apporte des conclusions satisfaisantes, "ce qui nous a totalement choqué".

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Geert Van Poelvoorde (Ph Cj MPE-Média)

Eurofer pose donc la question de la transparence et de l'efficacité des actions anti-dumping initiées par Bruxelles dans le cadre de ces plaintes de producteurs européens.

Les mesures climatiques créent de la disparité, une distorsion de concurrence

Autre sujet, l'empreinte carbone des aciers importés en Europe, supérieure de 50% en moyenne à ceux produits dans les frontières des 28 : "nous voulons prendre notre part dans la réduction des émissions de CO2 et la luttte contre le réchauffement climatique. Les propositions faites par la Commission européenne dans le cadre du paquet économie circulaire et du schéma de réduction des émissions (Emissions Trading Scheme, ETS) risquent encore de réduire la marge de manoeuvre de nos adhérents au profit des producteurs hors Europe qui ne tiennent pas compte de ces objectifs. (...) Or de toute évidence, l'érosion du marché des aciéristes européens risque de provoquer la disparition d'autres activités en aval de la filière", explique le Pdt d'Eurofer.

Aussi Eurofer urge-t-elle la Commission européenne de prendre en compte ses demandes concernant le coût des mesures environnementales et la rapidité des actions anti-dumping à programmer pour réduire les "disorsions de marché".

"Le comble est d'être obligé de vendre nos droits d'émissions de gzaz à d'autres uniquement parce que ces pays nous ont pris nos parts de marchés en utilisant des pratiques commerciales globales illégales", martèle le Pdt d'Eurofer.

Attention : Eurofer ne nie pas le chemin parcouru sur ce plan mais se sent être encore "au milieu du gué". "Les taxes anti-dumping sont encore trop légères comparées aux mesures prises par d'autres régions du monde et les conditions de leur application trop dépendantes des fortes variations des prix des matières premières sidérurgiques", ajoute Geert Van Poelvoorde, citant l'exemple du carbon à coke dont le prix a varié récemment de 150 à 300 dollars/tonne, du simple au double.

Un débat avec une responsable de la Commission européenne sur les enjeux climatiques et deux tables rondes illustrant les efforts déjà réalisés par les aciéristes et leurs recherches en cours devaient prolonger ce "Steel Day 2017" à Bruxelles.

Les adhérents d'Eurofer ont en permanence d'importants projets de recherche en cours visant à réduire leurs émissions, leur empreinte carbone, ceci à une échelle industrielle et en fonction des moyens de chaque groupe ou société productrice : "changer de modèle suppose de passer par un pilote puis la création de nouvelles usines, le financement de tests grandeur nature, leur vérification en laboratoire", ajoutent les dirigeants d'Eurofer. Tout un programme.

Christophe Journet

Voir aussi sur:

www.eurofer.eu

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La liste des 56 membres d'Eurofer (ph CJ MPE-Média)   

TARIFS_2017

BANNIERE_ENGLISH_2015

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