PARIS (MPE-Média- Emmanuel Macron devait conclure ce mardi 12 décembre en début de soirée à la Seine musicale le « One Planet Summit » ouvert dès 9h du matin par quatre ateliers thématiques, dédiés à des questions globales de gestion et d’action pour le climat. Un sommet beaucoup plus américain que prévu, sans Trump, mais aussi global qu'attendu. Reportage.

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L’affiche à l'entrée de la Seine musicale sur l’Ile Seguin à Boulogne-Billancourt (Ph CJ MPE-Média)

« Sur le climat, il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B », rappelle Emmanuel Macron sur l’écran du grand auditorium de la Seine Musicale où plusieurs centaines de personnes venues du monde entier attendent une table ronde où le Ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire doit intervenir en compagnie de dirigeants cherchant à promouvoir « la finance verte », accueillis par Géraldine Amiel (chef du bureau de l’agence de presse Bloomberg Paris*) qui pose tout de suite la question des taxes, de "la" taxe carbone.

Présent physiquement, Bruno Le Maire demande le droit de ... parler en français puis enchaîne : « la finance doit être un moyen d’atteindre nos objectifs, la finance doit être verte. Cela veut dire que les financiers doivent choisir d’investir plutôt vers des objectifs permettant de sortir des énergies fossiles, en toute transparence (...) les investisseurs publics ont signé hier une charte où ils s’engagent à financer en priorité des projets qui permettent ça. Ils représentent ensemble près de 600 milliards d’euros. Les asssureurs ont décidé de lancer des produits verts, aussi », déclare le ministre.

Valdis Dombrovskis, Vice-Pdt de la Commission européenne en charge de l’Euro et du dialogue social à Bruxelles répond à la modératrice et à Bruno Le Maire en énonçant les chiffres récents de la décarbonnation en Europe : 30% d’émissions de gaz à effets de serre en moins ces dernières années et une hausse de 50% des investissements verts programmés d’ici à 2035 ; la Suède, le Luxembourg, la France déjà engagés dans des obligations vertes pour inciter les investisseurs à privilégier le développement durable ; « les investisseurs ont besoin de trouver un langage européen commun pour ces sujets, la finance durable, les emprunts verts, pour cela les banques européennes jouent un rôle clé de soutien à ces investissements favorables à l’action climatique », explique-t-il.

 

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Pour marquer le One planet summit, Bercy a envoié des messages promotionnels par courriel à la presse : « 200€, c’est le montant maximum de l’aide de l’État pour l'achat d'un vélo à assistance électrique neuf ! Vous avez jusqu’au 31 janvier pour en bénéficier. Découvrez la marche à suivre pour l’obtenir via https://www.economie.gouv.fr/particuliers/prime-velo-electrique?

Pdt du conseil de stabilité monétaire de l’Eurozone et Gouverneur de la Banque d’Angleterre, Sir Mark Carney rebondit : « l’objectif de réduction de 2 degrés Centigrades de ce One planet summit doit être atteint avec le soutien des plus grands fonds d’investissement mondiaux, 8 sur 10 ayant déjà signé leur accord (...) ce sont à présent des trillions de dollars qui vont venir chaque année vers ces nouvelles opportunités vertes », déclare-t-il.

Et d’ajouter que « c’est entièrement dans leur intérêt qu’ils le font ».

 

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Le Ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot - au centre) était interviewé par RFI  au sujet de l'Afrique et de l'énergie dès 9h du matin (Ph MPE-Média)

Margaret Kuhlow, Directrice en charge des finances du World Wildlife Fund (WWF), le Pdg D’AXA Thomas Buberl, le Pdt de Plastic Omnium Laurent Burelle, Ingve Slyngstad, Pdt de NorgesBank Investment Management et d’autres dirigeants de la finance, dont Mme Sri Mulyani Indrawati, Ministre des Finances d’Indonésie sont venus ensuite abonder dans le même sens.

« Nous devons être capables de créer un momentum pour associer pouvoirs publics étatiques, groupes privés, pour développer les énergies renouvelables, hydraulique, solaire, éolienne, en se couvrant sur les risques de façon à ce que le secteur privé puisse investir davantage », explique Mme Sri Mulyani Indrawati, qui cite l’exemple de l’industrie forestière de son pays, luttant à la fois contre la déforestation et pour un usage vert du bois énergie, de la biomasse.

« La réduction de l’empreinte carbone passera par les entreprises membres de l’AFEP, l’Association française des grandes entreprises », déclare Laurent Burelle, Pdt de l'AFEP et de Plastic Omnium, qui annonce que son groupe passera des carburants actuels pour véhicules à l’hydrogène son activité de production de réservoirs d’essence ou de diesel : « car nous pensons que l’hydrogène est l’énergie du futur », ajoute-t-il, rejoignant en cela les dirigeants de l’Association française de l’Hydrogène (AFHYPAC) en réunion le 13 décembre à proximité de Paris, ceux de McPhy, Engie, Air Liquide, Aaqius, EDF, et de nombreux autres dans le monde.

Pour Bruno Le Maire, « le rôle de la puissance publique est bien d’accompagner les entreprises qui choisissent d’investir dans ces évolutions, avec l’accord de Bruxelles, pour accélérer les effets de ces choix industriels ».

Et juste avant que l’ex Maire de New-York Michaël R. Bloomberg, devenu Envoyé spécial des Nations Unies pour les villes et le changement climatique – et toujours premier actionnaire et Pdt du groupe de presse économique Bloomberg, dont la Chef de bureau de Paris Géraldine Amiel modérait ces tables rondes NDLR – vienne parler à la presse, la Maire de Paris Anne Hidalgo s’adressait au public pour annoncer son intention de faire sortir la ville de Paris de la mobilité thermique : « nos villes ont besoin d’espaces verts, ont besoin d’air, de réduire de façon drastique les voitures thermiques pour éliminer la pollution, la fin de la voiture individuelle dans les grandes villes fait débat, mais les maires sont des pragmatiques dans la transition écologique ».

 

Une matinée très contrastée, très "not as usual"

En fin de matinée, après une intervention un rien convenue de Maros Sefcovic, Vice-Pdt de la Commission eruropéenne en charge de « l’Europe de l’énergie », co-Pdt du Groupe mondial des maires pour le climat et l’énergie, celles de Sir Suma Chakrabarti, Président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BRED) et de Mme Naoko Ishii, CEO & Chairperson de la « Global Environment Facility » étaient rafraichissantes, évoquant les changements à venir dans la vie des personnes, des citoyen(ne)s du monde dans son entier.

« Business, not as usual », enchaîne la modératrice Géraldine Amiel, interviewant Isabelle Kocher, Ceo d’Engie, en français svp, évoquant les nouveaux modèles énergétiques très locaux et très globaux dans lesquels Engie prévoit d’investir près d’un milliard d’euros : « nous allons devoir être innovants dans les financements, pour que les grands fonds d’investissements puissent trouver le chemin de ces tout petits projets, constituer des plate-formes avec de l’innovation contractuelle et financière ».

Déjà présent la semaine dernière à la Conférence de Paris de l’OCDE, Mohammed Yunus, Prix Nobel de la Paix en 2006 et pionnier du « social business » est revenu parler de la création du micro-crédit par sa « Grameen Bank », annonçant qu’il « concentre actuellement ses efforts sur un nouveau projet dans le Mékong, au VietNam, pour dépolluer ce fleuve des plastiques qui le polluent, les collecter, les recycler ou les valoriser en énergie ». En face de lui, l’ex Secrétaire du Foreign Office américain John Kerry époque Obama semblait boire du petit lait, puis s’ennuyer en écoutant parler Jean-Louis Chaussade, Président de Suez, enfonçant de nouvelles portes ouvertes par d’autres que lui.

Consigne était donnée pour réserver les « annonces du jour » à la fin du sommet, même si celle d’EDF d’investir 25 milliards d’euros dans la création de 30 GW d'énergie solaire d’ici à 2035 – privilège des grands groupes, pouvoir investir de l’argent qu’on ne détient pas en banque NDLR – était faite dès ce lundi à la veille de l’évènement.

 

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Le plus grand marché de tous les temps, un marché durable

« Nous regardons aujourd’hui et devant nous le plus grand marché de tous les temps, celui d’un marché durable, qui représente des trillions et des trillions de dollars, nous devons en faire le premier sujet de tous les G20 à venir, de toutes les discussions avec les banques, nous devons exiger l’arrêt des investissements dans le charbon, cela veut dire que nous avons besoin d’un prix mondial du carbone, besoin de sortir l’électricité du carbone, besoin de mettre toutes les compagnies autour de la table pour y arriver », déclare John Kerry, attendu sur la suite de son propos : « ce que fait notre actuel président aux Etats-Unis n’est pas du bon sens, mais 38 états américains y sont opposés et représentent à eux seuls 80% des citoyens de notre pays. Nous restons donc dans l’accord de Paris », assure l’ex gouvernant démocrate américain, très applaudi par les participants.

« Nous devons avoir confiance dans nos technologies, notre capacité à sortir nos économies du carbone et à réduire le réchauffement climatique », conclut John Kerry. Une matinée très américaine en fin de compte avec la conclusion très offensive de Jerry Brown, le Gouverneur de la Californie, en séance plénière, s'en prenant à Donald Trump et à ses décisions qu'il juge iniques et dangereuses en présence de l'ex dirigeant de l'ONU Ban Ki Moon qui prendra lui aussi la parole dans cette grande messe pour le Climat.

Une matinée très féminine aussi, avec Célestine Ketcha-Courtès, Maire de Bangangté (Cameroun) exprimant 13 recommandations aux élus locaux, « les vrais médecins des populations », pour revoir les projets locaux « à la lumière des enjeux climat » et « revoir les enjeux de l’information, primordiale pour ces sujets » et encore « favoriser l’accès des femmes au financement, leur accès autour de la table et pas seulement dans la préparation du menu (rires), ainsi que l’accès des acteurs non-étatiques et des porteurs de micro-projets locaux au financement ». Et avec Stéphanie Antoine (journaliste chez Frande 24) modérant une autre discussion avec l'ex présidente de la COP21 Laurence Tubiana, encore en quête de plus de cohérence entre politiques publiques et usagers des différents secteurs.  

Tout est dit, en boucle, et beaucoup le sera encore ce mardi, de nombreux organismes, associations, groupes et entreprises privés semblant mettre un point d'honneur à marquer d'une initiative ce 2ème anniversaire de la signature de l'accord de Paris, qui deviendra un rendez-vous annuel, affirmera un peu plus tard dans la journée Emmanuel Macron.

Christophe Journet

Rédacteur en chef de MPE-Média

(À suivre en ligne et dans notre 46ème Lettre)


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  •  * La Compagnie anglo-américaine Bloomberg est omniprésente dans ce One Planet Summit, avec une rédaction en direct live à côté de celle de RFI, et son président Michaël R. Bloomberg qui devait interviewer le Président de la République et grand organisateur de ce 1 planet Summit Emmanuel Macron en fin d’après-midi, au même titre que Bill Gates un peu plus tard, avant la cérémonie de clôture partagée par Emmanuel Macron, MM. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU et Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale - NDLR.

 

Voir aussi sur :

https://www.oneplanetsummit.fr/fr/?ss_live=on

https://www.globalcovenantofmayors.org

 

https://www.globalrecyclingday.com/wp-content/uploads/2017/12/ManifestoFINAL.pdf

https://www.royalnews24.com/2017/12/12/theresa-may-its-britains-duty-to-help-nations-hit-by-climate-change-opinion/

http://www.climatechangenews.com/2017/12/08/macron-summit-launch-call-shipping-meet-paris-climate-goals/

Et sur Tweeter : via  @mpe-mediatwit et  #1planetsummit

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Mis à jour (Vendredi, 15 Décembre 2017 19:29)