PARIS (MPE-Média) – S’il est vrai que le minier global Rio Tinto, 2e après Vale, a battu de nouveaux records en terme de résultat net avant charges et amortissements (28,5 milliards de dollars, +10% sur 2010), il est intéressant de faire un retour arrière sur les remarques de son chef économiste Vivek Tulpulé, qui anticipe une forte volatilité des prix des minerais, fer inclus, en 2012 et les années suivantes.

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Rio Tinto, terminaux de Pilbara 2, Australie (Ph CH. Sprogoe SD)

« Nous prévoyons que les prix vraiment à long terme et les marges pour presque toutes les ressources minérales vont atteindre des niveaux nettement plus élevés que durant la décennie qui a précédé les six dernières années, mais la volatilité devrait aussi rester élevée – un modèle que nous avons décrit comme étant celui d’une économie en dent de scie», a déclaré le chef économiste de Rio Tinto Vivek Tulpulé en présentant les travaux de son équipe.

Reprenant le fil de l’an passé, en commençant par des prix spots relativement stables autour de 178$/t. durant les neuf premiers mois de 2011, soutenus par des importations chinoises solides et des ruptures dans les approvisionnements venant d’Australie, du Brésil et d’Inde, il note que les prix ont ensuite chuté abruptement entre le début septembre et la fin octobre, suivant la déterioration du marché provoquée par les peurs d’une contagion de la crise européenne à l’Asie et d’un resserrement de la politique monétaire chinoise.

« Comme en 2010, le niveau plancher de 120$/t. était à nouveau atteint quelques jours en octobre 2011, où un regain de soutien est venu à près de 115$/t.. L’année s’est achevée à la faveur du restockage chinois avec un rebond des prix à environ 140$/t.. Le prix spot moyen du minerai de fer en 2011 et 2010 aura été respectivement à 169$/t. et 146$/t.», ajoute l’économiste de Rio Tinto.

Déclin des importations indiennes

Relevant à la fois les conséquences des cyclones dans la région minière australienne du Pilbara, poussant les prix de près de 50$/t., et celles du déclin des exportations indiennes passées de 120Mt en 2009 à 81Mt l’an dernier, M. Tulpulé souligne que tout a encore reposé sur une production d’acier brut chinoise proche de 700Mt l’an, du moins durant le premier semestre, demande à peine affectée par le tsunami au Japon et soutenue jusqu’en juillet, couplée à une crainte croissante de l’inflation en Chine et aux inquiétudes suscitées par les mesures financières réduisant les prévisions du secteur de la construction, frappant quelques aciéries en septembre.

M. Tulpulé note que « la seconde moitié de l’année passée a aussi été marquée par une importante ressource venue du Brésil et une production record en Australie. Couplés à la hausse de la production domestique chinoise montée à 120Mt/an contre 90Mt/an en 2010, ces facteurs ont été importants».

En conséquence de quoi les prix du minerai de fer ont pu chuter de 183$/t au tout début septembre à 116$/t. vers la fin octobre. Ce qui nous permet de comprendre comment s’est ensuite effectuée la remontée des prix spots du minerai de fer vers leurs niveaux actuels, M. Tulpulé ajoutant qu’ils ont été « finement négociés» dans la période.

Ceci explique pourquoi le PDG de Rio Tinto Jan du Plessis a déclaré tout en se félicitant de la forte performance de 2011, qu’après une année 2011 caractérisée par des  « marchés de plus en plus imprévisibles», l’incertitude allait se poursuivre en 2012, confortée par celles des marchés financiers, en particulier autour de l’euro et par une volatilité des prix élevée qui devrait se maintenir. De quoi rendre prudent à court terme, même si le moyen terme lui semble toujours très positif pour les métaux et les autres minéraux, la forte croissance de la demande des marchés émergents se maintenant.

Christophe Journet

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Mis à jour (Samedi, 29 Octobre 2016 15:20)