PARIS (MPE-Média) – Les dernières hausses de prix des matières plastiques de base (rappel ci-dessous) ne sont pas un épiphénomène passager mais une tendance durable qui devrait inciter les producteurs à augmenter leurs efforts de R&D vers l’éco-conception, les nouveaux matériaux plastiques agro-sourcés , le recyclage et l’optimisation des procédés, estime M. Patrick James, consultant expert du domaine.

MPE-Média s’est fait récemment l’écho de l’inquiétude des plasturgistes face à la hausse des prix des principales matières qu’ils utilisent, notant que le phénomène allait les obliger à augmenter leurs propres prix en aval. Ces hausses étaient évaluées fin février à +17 % pour le polypropylène, + 16 % pour le polyéthylène haute densité, + 16 % pour le polyéthylène basse densité, +12 % pour le groupe des ABS et + 9 % pour celui des PVC.

Ces hausses ne correspondent pas à un simple pic de prix précédant un retour aux moyennes antérieures, estime pour sa part M. Patrick James, consultant expert et PDG de Spirit Of Innovation !, qui anticipe la tendance depuis plusieurs années.

« J'avais prédit cette évolution irrémédiable dès septembre 2005 lorsque j'avais enfin vu le cours du pétrole flamber durant cet été-là ( de 35 à 55/60 euros le baril en 2 mois) » rappelle Patrick James.

« Depuis, en particulier l’an dernier, le cours du Brent et celui du West Texas Intermediate dans une moindre mesure, sont montés à des niveaux records (stabilité actuelle à 100/120 euros le baril) que les tensions géo-politiques ne suffisent pas à expliquer, comme ce fût le cas en 1973. L’augmentation de la demande mondiale réelle est à l’origine de ces hausses, mais aussi la raréfaction du stock de pétrole accessible aux faibles coûts du passé», souligne Patrick James.

Les coûts d’extraction ne vont pas cesser d’augmenter

« Alors, quand bien même les tensions politiques cesseraient, la demande des pays émergents ne va pas diminuer et surtout, les coûts d’extraction ne vont pas cesser d’augmenter, avec comme conséquences un prix marché du brut qui suivra cette tendance haussière pour toujours », poursuit-il.

« Contrairement aux affirmations de nombreux cadres et dirigeants des entreprises consommatrices qui relativisaient les choses en se contentant d’observer que les prix du pétrole montent et descendent depuis 30 ans sans prendre davantage en considération dans leurs budgets prévisionnels l’éventualité d’une tendance haussière durable, il faudra faire avec. »

«Cette fois, ça ne redescendra plus jamais et bien au contraire et comme certains polymères sont très proches du brut dans les processus de raffinage et de polymérisation - notez bien que les polyoléfines augmentent plus que les autres - certains seront définitivement plus chers que d’autres, en particulier les moins chers actuels (PP, PE)», continue Patrick James.

Des actions économiquement obligatoires

De ce constat, le PDG de Spirit of Innovation ! fait observer qu’il faut en tirer les quelques grandes conséquences suivantes sous peine de rester prisonniers des débats clients-fournisseurs indispensables mais stériles.

En effet, conclut Patrick James, « l’éco-conception globale et systématique des produits fabriqués, l’utilisation progressive des matières agro-sourçées, le recyclage, les économies d’énergies dans les procédés, eux-mêmes impactés par ce phénomène et enfin le quadrille productivité/qualité/sécurité au travail/respect de l'environnement deviennent désormais des actions économiquement obligatoires aux entreprises pour leur survie et le contrôle de leur destinée par elles mêmes, au-delà des seuls aspects écologiques, éthiques ou moraux. »

Recueilli par C.J.

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Mis à jour (Vendredi, 28 Octobre 2016 16:40)