PARIS (MPE-Média) – Deux universités dont une grande école, la Faculté Jean Monnet et l’ESME SUDRIA accueillaient récemment des colloques dédiés à la « transition énergétique » en région parisienne. Plus qu’un sujet à la mode, c’est un passage obligé pour une société qui veut garantir sa sécurité d’approvisionnement en électricité tant pour ses populations que pour ses industriels. De l’effacement de pointe à la bonne régulation des réseaux européens de distribution, qui fonctionne encore sur autant de modèles différents, il reste du grain à moudre et des étincelles à produire.

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Alain Grandjean (Carbone 4, expert), l’ADEME avec son DG délégué aux « Investissements d’avenir » Jean-Guillaume Peladan, Miren Lafourcade et Alain Rallet , professeurs d'économie à Paris Sud, Bruno Marotte de Bouygues construction, Laure Lampin du CIRED, Alain Quinet , directeur général de RFF partagaient la journée d’interventions organisée par la Fondation Nicolas Hulot et l’Université Paris Sud Jean Monnet à Sceaux fin mars, qui avait pour thème « l’économie publique de la transition énergétique ».

Il y fut notamment question des 900 projets déjà mis en œuvre à ce jour dans le cadre de partenariats publics-privés (PPP) dotés de 35 milliards d’euros suite au « Grand emprunt » lancé par le précédent gouvernement. Critiquant « un énorme problème de transparence dans cette commission Juppé-Rocard », Alain Grandjean a notamment déploré « qu’on soit allé de l’Europe au local dans ces dossiers, au détriment du micro et du réel », posant la question « des critères marchands : quand on pose la question des coûts et des retombées concrètes pour quelles entreprises, là, on n’a pas de réponse », a noté ce proche collaborateur de Jean-Marc Jancovici.

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Eoliennes en  mer d'Irlande (ph SD Dong Energy)

Faut-il un ministre pour y parvenir ?

« Faut-il un ministre de la transition énergétique pour y parvenir », s’interroge Alain Grandjean. La réponse a semblé tenir dans l’intervention du DG délégué de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie J.-Guillaume Peladan, attaquant d’emblée sur le thème de « la transparence et de la confidentialité », énonçant une série de dilemmes rencontrés en travaillant sur les dossiers de demandes de subventions d’entreprises répondant aux appels à manifestations d’intérêt pour la transition énergétique en France.

 

M. Peladan a expliqué avoir repéré un vrai souci de cohérence sur le plan des infrastructures et des fiscalités européennes, auquel s’ajoute l’obligation de décider vite avec des partenaires multiples dans tous les cas, enfin d’échapper au lobbying tout en ciblant « stratégique » tant sur le plan de la recherche fondamentale, du développement durable de ces nouvelles formes d’énergie et de la numérisation de ces processus. In fine, autre difficulté à résoudre : « plus on se rapproche du marché, plus l’aide de l’Etat va baisser jusqu’à zéro », note le DG de l’ADEME, citant quelques projets clés comme le véhicule du futur, l’éolien flottant à axe vertical immergé, les énergies décarbonés (onze projets à elles seules incluant solaire, photovoltaïque, éolien offshore, biocarburants, chimie du végétal, géothermie, grand éolien, hydrogène, etc.), les réseaux électriques intelligents, mon tout à gérer dans des délais respectant à la fois l’urgence et l’administration !

 

Stockage par méthanation

Sons de cloches semblables peu après lors de la table ronde colloque organisée par l’ESME SUDRIA, animée par Teddy Follenfant durant laquelle Yves Marignac (Négawatt) a brossé un tableau saisissant d’une Europe de 2050 sans nucléaire, ni captation séquestration du carbone, pratiquant la « méthanation » - stockage de l’énergie sous la forme de gaz – grâce à la découverte du prix Nobel Paul Sabatier. L’analyse du mouvement Négawatt et de son promoteur de l’agence Wise fonde une large partie de sa perspective écologique sur le développement musclé de l’éolien et du photovoltaïque, après « une fenêtre de dix ans où il faudra gérer la prolongation du parc nucléaire qui représente encore 75% des approvisionnements électriques de la France ».

Expert de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire, M. G. Barbier a rappelé le calendrier de la gestion des déchets nucléaires : débat national en 2013 – qui s’en souvient ? – puis démantèlement des 22 plus anciennes centrales durant près de trente années, pendant l’entrée dans « la génération IV du nucléaire », celle que le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) prépare d’arrache-pied ces temps-ci. D’où la question : si l’EPR de Flamanville à du retard, quid du projet de génération III à Penly ?

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(Ph SD Cluster Lacqu)

Le gaz naturel a son rôle

« Réussir la transition énergétique », titre d’un ouvrage écrit par Alexandre Rojey (Institut Français du pétrole et des énergies nouvelles) est bien, vous l’aurez compris, le principal souci de ces acteurs : « si rien ne change, nous aurons toujours 80% d’énergies fossiles dans le mix énergétique et il sera impossible de réduire de 2° celsius le réchauffement climatique mondial », souligne M. Rojey, qui pense au risque de se faire siffler par certains que « le gaz naturel a un rôle important à jouer chez nous aussi, le temps d’apprendre à stocker l’énergie ».

Et comme le soulignait Jolanta Jaczewska (RTE), l’organisation qui gère la distribution d’énergie à l’échelle européenne doit à présent associer 41 gestionnaires de réseaux pour 34 pays répartis en six zones dont 4 seulement sont « synchrones », les pays nordiques, le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Europe continentale.

 

Christophe Journet

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Mis à jour (Jeudi, 27 Octobre 2016 13:29)