PARIS (MPE-Média) – Les mineurs de Marikana – Lonmin (Afrique du Sud) sont toujours sous le choc quinze jours après le début des violences qui ont causé 44 morts et plusieurs dizaines de blessés lors d’affrontements armés entre des militants d’unions ouvrières armés et la police sud-africaine venue tenter de rétablir l’ordre.

La problématique sociale et économique des conditions de travail et de paye des mineurs a fait tâche d’huile dans le bassin minier, Anglo American ayant été amené à négocier un nouvel accord en fin de semaine dernière avec une centaine de mineurs, tandis que le groupe Lonmin peine toujours à obtenir le retour au travail de l’intégralité de ses employés vivement choqués par cette tragédie et la mort de plusieurs dizaines de leurs collègues.

Les analystes parlent d’un vrai tremblement de terre qui a déstabilisé le mouvement ouvrier en Afrique du Sud, notant que les Unions minières concurrentes doivent à présent trouver un nouveau mode de relations entre elles et une base revendicative commune avant de pouvoir tirer toutes les conclusions de cet épisode de violence né d’un désaccord stratégique entre deux groupes concurrents, la puissante Union nationale des mineurs (NUM) et l’Association des travailleurs des mines et de la construction (AMCU). D’autant que des faits analogues avaient déjà coûté la vie à trois mineurs en février dernier chez Impala Platinum, dans un mine située à 120 kms de Johannesbourg, sans que ces faits obtiennent l’écho planétaire de ceux intervenus courant août à Marikana, chez Lonmin.

Contrats renégociés chez Impala Platinum

En février, Impala Platinum avait renégocié les contrats de ses mineurs peu après ces heurts, mettant en péril les accords de branche et suscitant la crainte que d’autres groupes de mineurs préfèrent des actions isolées et violentes à des discussions paritaires classiques pour faire avancer les choses, ce qui est effectivement arrivé voici quinze jours chez Lonmin.

A peine plus de la moitié de l’effectif des mineurs de Marikana ont repris le chemin du travail après le deuil, le groupe Lonmin et ses principaux concurrents tentant actuellement de négocier avec le soutien du gouvernement sud-africain une nouvelle plate-forme commune incluant des hausses de salaire et des améliorations des conditions collectives de travail.

Lonmin devra sans doute recapitaliser pour ne pas sortir du ratio dette/profits et de l’objectif de 750.000 onces de platine produites en 2012 lors du point d’étape prévu le 30 septembre, estiment les analystes.

Un dialogue intense nécessaire

Le nouveau PDG d’Impala Platinum M. Terence Goodlace déclarait récemment à nos confrères de Mineweb.com que les choses avaient débuté « bien avant les évènements de février dernier dans la mine de Rustenburg. Il y avait de façon évidente de l’insatisfaction chez les mineurs concernant leurs salaires. Nous pratiquons depuis un dialogue intense pour éviter toute nouvelle situation de rupture, nous posant les questions utiles au plus haut niveau tant du côté des industriels que des syndicats et des pouvoirs publics ».

Le prix du platine est passé de quelques centaines à plus de 2.000 dollars l'once avant la crise financière pour redescendre en-dessous de 800$/oz et remonter ensuite lentement jusquà sa valeur actuelle (source zonebourse.com)

Malgré la hausse de 150 dollars l’once de platine intervenue ces derniers jours plaçant le prix du métal à 1.400 dollars l’once et plus (1542$/oz fin août), soit près de 12% de plus qu’avant les récents évènements de Marikana, les producteurs de platine disent tous devoir revoir leur modèle et la structure de leurs coûts s’ils veulent éviter de nouveaux drames et tenir la rampe en exploitant la ressource, essentielle pour la production de pots d’échappement catalytiques de véhicules diesel.

Jo Gatsby