PARIS (MPE-Média) – Le Comité des métaux stratégiques (COMES) créé en mars 2011 à la demande du précédent Ministre de l’Industrie s’est réuni au complet, soit en compagnie de près de 150 personnes ce mardi pour un colloque et bilan d’étape auquel participait le Ministre du Redressement Productif M. Arnaud Montebourg. Le COMES devait y présenter un outil « d’auto-diagnostic concernant les approvisionnements des entreprises françaises en matières premières et leur vulnérabilité », nous explique le Secrétaire général du COMES M. François Bersani joint par téléphone en fin de journée.

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M. François Bersani, le patron du COMES, note que plusieurs points en progrès ont été confirmés : « L’industrie essaye de continuer aussi son effort sur le long terme, du moyen et du long terme, sur plusieurs horizons de temps. Ce que M. Montebourg a marqué, c’est qu’il y avait une continuité d’objectifs. Les moyens de la concertation permanente entre les divers acteurs publics et privés restent à l’ordre du jour. »

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François Bersani, Secrétaire Général du COMES, lors d’un colloque en 2012 à Orléans (ph CJ MPE-Média)

Le COMES s’est appuyé durant ce colloque du 16 octobre sur des travaux d’entreprise comme ceux menés par Renault, intégré au COMES depuis l’origine, mais aussi d’Orange-France Telecom, qui a fait une communication ce matin sur le cuivre, ou encore ceux de la société Guerbet, spécialiste de l’imagerie à résonnance médicale consommatrice d’iode et de gadolinium, matières essentielles pour sa production : « Guerbet a évoqué des soucis qu’ils ont pu avoir pour le galodinium, l’une des terres rares, mais aussi pour l’iode, car le marché de l’iode a été affecté au Japon, suite à Fukushima. Nous avons fait venir aussi Eramet, qui a aussi ses problèmes de métaux, et qui travaille sur le recyclage, étant en recherche aussi de développements sur des marchés, avec Mme Catherine Tissot-Colle, Vice-Présidente d’Eramet et présidente de la FEDEM », explique M. Bersani.

M. Frédéric Carencotte, DG de Solvay a également parlé aux membres du COMES des nouvelles unités de collecte et de recyclage des terres rares contenues dans les ampoules basse consommation, chantier entrepris avec le groupe Unicore.

Nodules polymétalliques

Il a été question également ce mardi des nodules poly-métalliques dont le gisement est sous-marin et pour lesquelles la France est bien placée, notamment avec l’IFREMER, mais aussi des « amas sulfurés, dont les gisements sont proches du volcanisme, polymétalliques et dont les formations sont riches en teneur de façon variable et comportent des analogies avec des déposits terrestres devenus solides et s’étant transformés en minerais (métaux de base, métaux stratégiques, etc.) ».

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Un colloque international organisé par Le Studium a réuni les experts internationaux des terres rares à Orléans au printemps 2012, avec le concours du BRGM et du COMES (ph CJ MPE-Média)

Temps industriel et temps politique

« Nous avons traité un certain nombre de sujets. C’est rarement spectaculaire. Il peut y avoir des sauts importants. Mais il faut tester l’effet de la découverte, car il y a un temps industriel qui s’inscrit dans la durée, a fortiori dans la mine. La difficulté de cet exercice est de combiner le temps politique et le temps industriel et économique qui est plus long, dans une ambiance internationale qui est pour le moins chahutée », poursuit M. Bersani.

« Nous devons tenir compte de cette évolution en cours. Nous voyons apparaître quelques hypothèses de projets miniers qui sont différés, pour certaines substances, pour des raisons de rentabilité face à une demande qui se contracte », ajoute-t-il, en référence aux propos du ministre concernant les travaux récents du Bureau des Recherches Géologiques et Minières (BRGM), en particulier pour les métaux de base.

« Nous avons des résultats sur les métaux stratégiques. Le ministre a demandé un approfondissement. Nous avons été producteur d’un certain nombre de substances, comme le germanium, le zinc l’ayant amené car une mine de zinc était riche en germanium. La mine de Saint-Salvy a été fermée voici une dizaine d’années », explique M. Bersani.

Projets terres rares en cours au Kazakhstan

Les recherches minières d’hier étaient restées en surface, ou presque : « On sait que dans nombre de pays, il existe des choses très intéressantes en profondeur, beaucoup plus profondément, en Europe du nord notamment. Nous avons beaucoup de coupes géologiques en France grâce à d’anciens forages pétroliers. Il faut dégrossir le problème et même alors, sans doute aurons-nous de faux espoirs. L’écorce terrestre et dame nature sont assez farce », s’amuse M. Bersani.

Le responsable du COMES nous rappelle que les coopérations industrielles progressent ces temps-ci : « ça bouge. Quand les gens identifient leurs problèmes, on voit que certains ont mené des programmes de réduction de leurs besoins, jusqu’à 50%, par exemple certains secteurs de la filière automobile pour les terres rares.

« Le BRGM travaille actuellement sur des projets de production de terres rares au Kazakhstan. Nous mettons énormément de fers au feu », note M. Bersani.

Le COMES va à présent utiliser l’outil d’auto-diagnostic pour les entreprises en saisissant cette occasion de présenter les travaux du COMES au Ministre mais aussi aux industriels : « nous avons montré que l’essentiel était de savoir dans quelle position nous nous trouvons, afin qu’ils puissent ensuite en tirer parti. Ce travail a coûté un peu d’argent, il n’y aura pas de comptabilisation des recettes. Si ce travail est utilisé par les entreprises, il aura atteint son but », conclut le responsable du Comité des Métaux Stratégiques.

Lutter contre "les turpitudes des marchés"

Quelques ambassades de pays étrangers ont également suivi la réunion d’aujourd’hui à Bercy : « Il est précieux de pouvoir recouper avec d’autres expertises et d’autres capacités d’intelligence », conclut M. Bersani.

Après son intervention face aux membres du COMES, M. Montebourg a insisté sur deux points qu'il juge prioritaire : l'affirmation de la souveraineté de la France d'une part dans sa liberté d'accès aux ressources naturelles, la réforme du code minier qu'il compte soutenir et faire mener à bien, enfin sur son engagement à conduire « une politique volontariste, en partenariat avec les industriels, pour que l'économie française soit moins exposée aux turpitudes des marchés et à des questions géopolitiques quant à l'approvisionnement en certaines matières premières ».

Christophe Journet

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Mis à jour (Vendredi, 21 Octobre 2016 14:39)