PARIS (MPE-Média) - Le coût de la remise à niveau des plus de 150 centres de tri de déchets français devrait augmenter assez nettement d'ici à 2020, s'entendent à dire les acteurs du recyclage réunis ce mardi par l'ADEME à Paris. La seule remise à niveau de plus de 150 centre de tri et de surtri de déchets devrait coûter à peine moins de 600 millions d'euros, a-t-on appris durant ce colloque. Brève synthèse.

BANDEAU_MPE_MEDIA_2012

Absente lors de l'ouverture du colloque 2012 de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME), la Ministre de l'Ecologie et du Développement durable Mme Delphine Batho n'a pas transmis aux organisateurs de vidéo de discours de substitution pour faire pardonner de ne pas y être, comme le faisait à l'occasion d'un congrès de la FEDEREC M. Jean-Louis Borloo "retenu à Paris par des urgences".

Le Président de l'ADEME M. François Loos a donc ouvert seul ces deux journées dédiées à la gestion des déchets dans l'hexagone, non sans le soutien ultérieur de M. Jean-Paul Delevoye, le président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) dont on connaît la fibre écologique tant dans le Nord que place Iéna, venu conclure la première matinée en évoquant les récents travaux du CESE sur ces thèmes.

121023_COLLOQUE_DECHETS_ADEME_PUBLIC_01

Participants de l'atelier  dédié à l'évolution des centres de tri de déchets ménagers d'ici 2020 (ph CJ MPE-Média)

A entendre les interventions des experts de l'ADEME, des professionnels délégués par les entreprises du recyclage ou du traitement des déchets, parlant des évolutions des caractéristiques des "entrants" dans les centres de tri ou de "surtri", analysant les "caractéristiques du parc de centres de tri" qui représente actuellement à peine moins de 160 centres dont 70 traitent à eux seuls 30% des matières collectées en France - 2,7 millions de tonnes pour les seuls emballages - il est possible de mesurer le chemin parcouru depuis la fin du siècle dernier où l'ADEME prenait encore son baton de pélerin pour convaincre les collectivités locales de l'importance de la lutte contre les décharges sauvages et de la création de délégations de service public ou de services de collecte et de tri municipaux, communautaires ou départementaux afin de développer l'exploitation de la mine urbaine.

121023_COLLOQUE_DECHETS_ADEME_ATELIER_CdT

GD : MM. Philippe Russo (Union des Industries du Recyclage, ArcelorMittal), Sylvain Pasquier (ADEME), Baptiste Legay (Ministère de l'Ecologie) et Jean-Michel Lobry, journaliste modérateur (ph CJ MPE-Média)

A entendre l'exposé de M. Philippe Russo, venu "remplacer" Mme Catherine Jung (UIR, ArcelorMittal) pour parler des progrès du recyclage d'emballages en acier ou en métaux non ferreux, mais aussi de celui des papiers-cartons et des plastiques, moins avancé que les premiers, il est aisé de deviner qu'un grand décalage existe encore dans la performance quantitative de collecte pour les matières souples, plus affectées par le taux de souillure et d'humidité que les autres avant recyclage.

En 2010, le gisement de déchets d'emballages ménagers recensé par l'ADEME s'élevait en France à 317.000 tonnes d'acier, 64.000 tonnes d'aluminium, 1.002.000 tonnes de papier-carton, 1.298.000 tonnes de plastiques, 21.000 tonnes d'autres emballages, auxquels il faut ajouter pour les papiers graphiques 1.957.000 tonnes de journaux, revues, magazines et imprimés publicitaires, 288.000 tonnes de papiers de bureautique et d'enveloppes et 279.000 tonnes d'autres papiers.

Ces différents gisements auxquels il faut ajouter plus de 800.000 tonnes de déchets non ménagers et 551.000 tonnes de papiers autres que ceux cités plus haut devraient tous diminuer en volume d'ici 2020 de 5 à 21% selon les cas, compte tenu de l'évolution des pratiques (lutte contre le suremballage, diminution de la vente de journaux papier, de l'usage d'enveloppes, notamment).

Il n'en faudra pas moins prévoir de poursuivre l'automatisation de certaines tâches de tri ou de surtri, ainsi que la remise à niveau des centres existants ou à créer d'ici 2020, pour un budget total estimé à pas moins de 580 millions d'euros par le directeur technique de Terra/Trident Service M. Thierry Oudart.

121023_COLLOQUE_ADEME_ATELIER_TEXTILE_01

GD : Carine Rocchesani, journaliste modératrice, Sylviane Oberlé (AMF), Mathieu Rivat (IRFS), Anita Raharisoa (Ecotextile), Alain Claudot (Eco Textile, Linge, Chaussure), Pierre Duponchel (Relais France/FEDEREC) - ph CJ MPE-Média

Atypique dans sa relation aux collectivités locales qui semblent avoir encore ici ou là du mal à le comprendre, le monde de la collecte et du recyclage des textiles usagés ne tarit apparemment pas d'efforts pour instituer un mode contractuel de prise en charge des tâches qui lui incombe soit au titre de la responsabilité élargie producteur (REP) soit dans le cadre de contrats de services publics mixés avec des dispositifs d'insertion dépendant des budgets sociaux départementaux ou locaux.

L'aspect assez revendicatif des prises de parole des participants à l'atelier consacré au développement des filières et de la collecte de textiles usagés contrastait avec celui beaucoup plus policé et technologisant de l'atelier "centres de tri", mais allait sans doute aussi plus loin dans la réalité de l'exposition des problèmes : "plusieurs collectivités locales ont fini par reconnaître le statut d'opérateur à notre société et ont passé des appels d'offres classiques pour les collectes de textile", expliquait ainsi M. Hatem Sedkaoui, cadre de SITA négoce et auteur d'un blog thématique intitulé "recyclic".

121023_COLLOQUE_ADEME_ATELIER_TEXTILE_02

GD : Carine Rocchesani, journaliste modératrice, Pierre Mortelmans (Pellenc ST), Jean-François Maruszyczak (Retritex), Mehdi Zerroug (Framinex/FEDEREC), Alain Claudot (Eco TLC), Pierre Duponchel (Le Relais, FEDEREC textile) - ph CJ MPE-Média

"Pour progresser dans la collecte et le recyclage des textiles, il faut mesurer les volumes. La filière continue à progresser à l'international, nous le savons grâce à la mesure. Il est également nécessaire de conjuguer encore plus les efforts de tous pour parvenir à améliorer le taux de recyclage des textiles, tirer un meilleur parti à la fois des fibres recyclées ou valorisées mais aussi du réemploi des vêtements", a estimé M. Alain Claudot en réponse à une de nos questions.

"Notez que le réemploi représente près de 60% du gisement textile et que pour ce faire on ne peut pas se passer des gens. Framinex lance une unité écotextile d'insertion à Perpignan pour tenter de relocaliser le second tri en France", a souligné M. Mehdi Zerroug.

Des chiffonniers d'Emmaüs à l'industrie d'aujourd'hui

Parti d'un modèle marqué par le statut des "chiffonniers" d'antan, boosté voici plusieurs décennies par l'action sociale d'associations telles qu'Emmaüs et plus récemment par celle des entreprises intermédiaires accueillant des publics handicapés ou précarisés, le textile français usagé doit encore "faire les efforts de transition d'une industrie de produits usagés à une industrie de matériaux", a conclu M. Jean-Paul Dupuy (ADEME), vivement applaudi par la salle.

Le colloque déchets 2012 de l'ADEME devait encore se pencher ce mercredi 24 octobre sur le secteur des plastiques, des déchets diffus spécifiques et sur l'innovation au service des déchets de la plasturgie ainsi que sur les 2e assises du réemploi, de la réutilisation et de la réparation. Au moment où les français plébiscitent l'achat de produits d'occasion, ces travaux sur la seconde vie des matières ne peuvent qu'inciter les pouvoirs publics et les dirigeants des groupes producteurs de produits de consommation courante à tenir compte des conclusions de l'enquête 2012 de l'ADEME sur les pratiques d'achat des français, de plus en plus conscients du cycle de vie des matériaux et des produits qu'ils utilisent.

 

Christophe Journet

Voir aussi sur :

www.ademe.fr

TARIFS_PUBLICITES_MPE-MEDIA_2012

Retour vers le haut

Mis à jour (Jeudi, 20 Octobre 2016 16:14)