BARCELONE (MPE-Média) – « Quand les prix de l’acier retombent, ceux des ferrailles les précèdent et cela provoque des réticences à la vente et une dégradation du marché », a expliqué dimanche soir le Président mondial du Bureau International du Recyclage (BIR)) M. Björn Grufman en ouverture de la Convention d’automne de cet organisme clé sur les marchés des nouvelles matières premières, qui se tient dans la capitale catalane jusqu’à mardi. MPE-Média couvre cet événement qui réunit à peine moins d’un millier de professionnels des métaux, des plastiques, des textiles et des pneux recyclés, collecteurs, recycleurs ou négociants provenant de toute la planète.

De gauche à droite : Mme Elisabeth Christ, directrice de la communication, MM. Björn Grufman, Président, Francis Veyx, Directeur général du BIR (ph CJ MPE-Média)

« Les temps sont difficiles. Plus difficiles que l’an dernier. Les entreprises du recyclage éprouvent toutes des soucis avec leurs différents marchés », a déclaré M. Björn Grufman en ouvrant la Convention d’automne du Bureau International du Recyclage au cœur de Barcelone ce 28 octobre au soir.

« Depuis le début de l’année, nous avons reçu et répondu à de nombreuses questions de nos adhérents, dont le nombre continue d’augmenter malgré la situation globale délicate dans la période », poursuit M. Grufman.

D’où l’importance pour les professionnels de ces réunions tenues tous les six mois dans des pays différents pour mettre en commun les perceptions de chaque secteur d’activités (métaux ferreux et non ferreux, inoxydables et alliages, textiles, plastiques, papiers-cartons, pneux) dont les fondamentaux varient parfois sensiblement entre production primaire et secondaire mais dont les volumes secondaires dépassent de plus en plus souvent les volumes de matières primaires achetées par les industriels un peu partout dans le monde.

De gauche à droite : MM; Björn Grufman et Francis Veys (ph CJ MPE-Média)

« Les surcapacités dans l’acier et sur les autres marchés en Europe, dans les centres de tri, les réductions d’emplois dans l’automobile, dans le papier nous amènent inexorablement à mieux gérer les chutes et la ressource recyclable », souligne M. Francis Veys, le DG du BIR.

« Quand les prix de l’acier retombent, la disponibilité en ferrailles descend aussi très vite, c’est un quasi réflexe dans les cours, nombre d’entre nous ont des problèmes pour couvrir leurs coûts car les marges se réduisent d’autant, ce qui est une situation classique dans ces périodes où nous devons nous efforcer de réduire les coûts, en particulier en Europe, où la réglementation fait peser des contraintes plus fortes qu’ailleurs dans le monde », fait remarquer le Président du BIR M. Grufman en écho.

Le taux de recyclage du cuivre doit encore augmenter

Prenant l’exemple du cuivre, dont la consommation par habitant demeure plus élevée en Europe qu’en Chine et en Inde, M. Grufman estime indispensable que le taux de recyclage du métal rouge augmente encore sensiblement. Ce qui suppose de pouvoir établir une comparaison entre les années précédentes et l’année en cours à partir de données fiables pour comprendre ce qui se passe sur le marché.

Cette année, le BIR a commandé une étude détaillée sur les prix et les volumes de métaux non ferreux, cuivre, aluminium en particulier au Commodity Research Unit (CRU) afin de voir dans quelle mesure il existe un risque de criticité d’accès à ces matières secondaires dans le monde actuel : « des différences importantes subsistent d’un marché à l’autre, entre le cuivre, l’aluminium et les autres métaux », note Björn Grufman.

Björn Grufman, Pdt du BIR : "l'UE doit revoir sa liste des métaux critiques" (ph CJ MPE-Média)

« Si vous parlez des métaux critiques, du tungstène, par exemple, encore produit au Portugal, mais dont il existe encore des quantités importantes à exploiter en Europe, et dont le prix continue pourtant à monter, il est nécessaire que l’Europe revoie sa liste. Si on parle des terres rares, il existe des potentalités énormes dans le recyclage », poursuit le président du BIR qui conclut : « quelles que soient les matières considérées, la seule façon de parvenir à un équilibre de marché est de soutenir un mode libre de concurrence et d’échanges à l’échelle mondiale, de ne pas céder aux sirènes des barrières douanières, d’éviter d’émettre des mesures restrictives comme le font à tour de rôle la Chine, l’Inde et parfois aussi l’Union européenne, qui finissent toujours par être contre-productives, à l’opposé des efforts de production de matières primaires de plus en plus simples à recycler ».

Ainsi, l’étude de CRU qui doit être rendue publique ce mardi démontre-t-elle que le véritable ressort des volumes croissant d’importations et d’exportations de chutes de cuivre et d’aluminium dans le monde est lié au simple fait qu’il existe toujours une demande externe provenant de sociétés qui sont capables d’acheter ces matières à leur juste prix, même si cela déplaît aux industriels locaux qui ne prennent pas le risque de faire monter les enchères pour protéger leurs marges, mais se plaignent ensuite de manquer de volumes de déchets de ces métaux pour leurs propres activités. Et ainsi va le monde du recyclage, jusqu’au retour à domicile des matières par la boucle suivante.

Christophe Journet

Convention d'automne 2012 du BIR à Barcelone du 28 au 30/10. Prochaines conventions du BIR en mai 2013 à Shanghaï, en octobre 2013 à Varsovie, en juin 2014 à Miami et en octobre 2014 à Paris. Plus de détails sur :

www.bir.org