BARCELONE (MPE-Média) - Pour la division plastiques du Bureau International du Recyclage (BIR) en convention d'automne à Barcelone, le 2e semestre 2012 est une période marquée par un contraste entre la morosité des marchés européens et la poussée de la demande en plastiques recyclés dans les pays émergents ; pour la division aciers inoxydables et alliages de spécialité, 2012 voit ce marché subir à la fois les fortes variations de prix du nickel et l'augmentation des réserves mondiales de scraps d'inoxydables, l'offre abondante impactant les prix globaux. Creux de vague, donc, malgré les progrès constants réalisés par les entreprises du recyclage sur le plan du respect des règles environnementales et de la durabilité de leurs activités. Et une embellie attendue pour 2013 sur ces marchés (lire aussi nos précédents articles).

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Symptomatiquement, la séance plénière de la division plastiques du Bureau International du Recyclage présidée par l'indien Surendra Borad, chef d'entreprise dans un état de l'Inde frontalier avec le Pakistan, réunit habituellement moins de participants que celles concernant les ferrailles d'acier, les chutes de non ferreux ou les inoxydables, mais d'intéressantes informations concernant l'ensemble des marchés du recyclage y ont été délivrées : notamment sur la forte poussée de la demande en plastiques issus du recyclage déjà constatée dans les pays émergents, conséquence de la hausse des prix des produits dérivés du pétrole d'une part et du nombre croissant de cas de substitution de matières dans l'industrie mondiale, nombre de pièces fabriquées en grandes séries passant du métal aux plastiques et de plus en plus aux plastiques ou bioplastiques recyclés.

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Le bureau de la division plastiques du BIR. 2e en partant de la gauche, M.  Surendra Borad, Président (ph CJ MPE-Média)

Autre modification perceptible dans le domaine des plastiques, note M. Borad, le fait que le monde traverse une période de "frénésie pour le fracking, les Etats-Unis étant sur le point de devenir exportateur net de produits dérivés issus du fracking de gaz de schiste, qui ne tarderont pas à entrer à leur tour dans la boucle de plus en plus courte du recyclage".

Toutefois, il apparaît clairement à l'échelle mondiale que le recours aux plastiques recyclés fait reculer le volume de déchets plastiques "valorisés" - détruits, incinérés pour restituer de l'énergie régionalement - au bénéfice des réseaux du retraitement de ces matières. "Il y a quelque chose d'hypocrite dans le discours ambiant de grandes compagnies qui disent préférer brûler plus de la moitié des déchets plastiques que de faire l'effort de les séparer pour les recycler alors que nous avons le savoir-faire et les moyens de le faire pour réinjecter ces matières dans l'industrie", explique M. Sébastien Petithuguenin, Directeur général du groupe Paprec et de sa division plastiques.

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M. Michaël Wright, Président de la division ferrailles d'aciers inoxydables, passera la main en 2013 lors de la convention de Shanghaï (ph CJ MPE-Média)

 Sur le plan des ferrailles d'aciers inoxydables et d'alliages de spécialité, l'exposé global proposé par M. Michaël Wright, président de la division éponyme du BIR et des délégués de chaque région du monde indique une progression dans les volumes de scraps d'inoxydables tout à fait proportionnelle à celle des volumes primaires produits par les industriels, à raison de 33,5 millions de tonnes d'inoxydables en 2012 (prévision), 35 Mt en 2013, probablement plus de 40 Mt en 2016 dont 90% seront recyclés à plus ou moins court terme.

95% des aciers inoxydables utilisés dans le secteur de la construction ou dans celui des applications domestiques sont à présent recyclés pour 80% dans celui des biens de consommation courante, note M. Wright.

Les prix ont été erratiques pour les scraps d'inoxydables en 2012, variant globalement de 18.500 dollars la tonne en début d'année pour approcher les 16.000 à 17.000 dollars après l'été et jusqu'en octobre, la profession des recycleurs d'inoxydables s'attendant à d'importantes conséquences après la mise en service d'une unité de production d'aciers inoxydables du groupe Inoxum en Alabama, aux Etats-Unis, qui pourrait absorber jusqu'à 400.000 tonnes de scraps d'inoxydables par an et rendre les Etats-Unis importateur net alors qu'ils sont actuellement exportateur numéro 1 doté d'une capacité de 900.000 tonnes en première fonte.

Réserve mondiale de 10 Mt

Par ailleurs, la réserve chinoise de déchets d'inoxydables devrait aussi augmenter plus vite que celle des autres pays, étant susceptible de passer de près de 1,5 Mt en 2011 à 2,2 Mt d'ici à 2015, pour un volume global estimé à près de 10 Mt l'an dernier - à comparer aux 33 Mt de production primaire.

Enfin, ce qui préoccupe le plus les recycleurs d'inoxydables et la poursuite de la montée de l'usage du "nickel pig iron" en Chine qui a dépassé 25% de la production d'inoxydables en suivant la hausse du nickel : dès que le métal du diable dépasse 15.000 dollars, les producteurs d'inoxydables chinois et asiatiques dans une moindre mesure préfèrent avoir recours au nickel pig iron (acier à basse teneur en nickel) plutôt qu'à une composition austénitique à forte proportion de nickel, qui augmente le coût de production.

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De gauche à droite : MM. Ross Bartley et Olivier François, respectivement expert environnement et président du conseil environnemental du BIR et Mme Alicia Garcia-Franco Zuniga, DG de la Fédération espagnole du recyclage (FER - ph CJ MPE-Média)

Le Conseil environnnemental du BIR progresse assez considérablement d'une convention du BIR à la suivante, ne serait-ce la difficulté de mesurer exactement l'avancement des travaux des Nations Unies, de l'OCDE et de chaque gouvernement concerné sur des thèmes aussi complexes que ceux inclus dans les questions posées à Barcelone par M. Ross Bartley, expert du BIR participant aux grandes réunions de Bale, Bruxelles, New-York, Pékin sur ces sujets : en résumé, la notion de "surdéchets" s'est ajoutée récemment à la liste des catégories pour lesquelles le droit international et les droits nationaux vont devoir trouver des réponses s'ajoutant aux grands principes qui permettent déjà de distinguer ce qui est déchet et ce qui ne l'est pas.

Qui négociera avec Qui?

La question de savoir "qui sera autorisé à négocier avec qui pour quelles matières, qui n'est pas forcément la question la plus simple" est épluchée ces derniers temps par les grands organismes et les commissions environnementales mondiales ou régionales, explique M. Bartley.

Le président du conseil environnemental M. Olivier François a relevé le fait qu'un consensus mondial semblait se dégager autour des normes ISO 9000 et plus, après de nombreuses années de débat. Mais la question se pose de savoir comment transposer dans les pays non membres de l'OCDE ce qui existe au sein de l'OCDE et de savoir "s'ils vont ou non passer au stade de l'industrialisation des process liés au recyclage".

Christophe Journet

Voir aussi sur :

www.bir.org

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Mis à jour (Jeudi, 20 Octobre 2016 16:02)