PARIS (MPE-Média) - L’équation présentée mercredi 21 novembre aux partenaires sociaux d’Aluminium Pechiney par leur direction française en prélude à une procédure sociale d’information-consultation dans le cadre d’un comité central d’entreprise extraordinaire paraît simple : Des coûts de fonctionnement en hausse de 30% imposent au groupe Rio Tinto Alcan de revoir ses fonctions supports à l’échelle mondiale. Ce qui se traduirait « par 148 postes impactés sur 1712 salariés dans le périmètre de sa filiale française Aluminium Pechiney, précise le groupe. A en juger par la réaction de la CFE-CGC, les discussions ne vont pas être faciles dans les jours à venir. D'autant que Bercy vient de réagir vertement à cette annonce.

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L'aluminium trouve de plus en plus de débouchés dans l'automobile électrique (ph SD Archives MPE-Média)

La communication de Rio Tinto Alcan, signée par sa Directrice des ressources humaines Mme Maryline Labatut, résume l’intervention faite au nom de la direction générale de Rio Tinto Alcan aux délégués syndicaux de l’entreprise.

« Pour faire face à une augmentation de 30% de ses frais de fonctionnement, le groupe a lancé une revue des fonctions support à l’échelon mondial », explique le groupe.

• Depuis 2010, Rio Tinto Alcan, pour maintenir sa compétitivité, a du restructurer son portefeuille d’activités (Aluminium Pacifique, Lynemouth, Sebree, Alumines de spécialité), supprimer son organisation par région au profit d’une organisation mondiale et entrer dans une démarche de réduction des coûts de ses fonctions, continue-t-il.

• Aluminium Pechiney, parallèlement, s’est lancé en 2010 dans un programme de remise en compétitivité de ses sites de production. Ce plan n’a pas revu en profondeur les fonctions supports, poursuit le groupe.

• La proportion des fonctions sur les effectifs de production d’Aluminium Pechiney est passée de 31% en 2009 à 49% aujourd’hui. « Cette proportion est excessive, particulièrement dans un marché structurellement dégradé, tant au niveau de l’aluminium primaire que de la technologie, continue le groupe.

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Bobines d'aluminium (ph SD Rio Tinto)

« Dans ce contexte, la société Aluminium Pechiney est contrainte de prendre des mesures pour adapter sa structure à son périmètre d’intervention géographique faute de quoi sa compétitivité et par voie de conséquence sa pérennité seront remises en cause », conclut la DG de Rio tinto Alcan.

Celle-ci note que « ce projet vise à maintenir la compétitivité des sites industriels soutenus par la société Aluminium Pechiney, gage du maintien des fonctions supports à valeur ajoutée présentes en France et à renforcer l’avantage compétitif de la technologie ».

148 postes sur 1712 personnes chez AP

Traduit en mesure du nombre de postes à supprimer, ce plan aurait les conséquences suivantes : Il se traduirait par 148 postes impactés sur 1712 salariés au 30 septembre 2012 que compte la société Aluminium Pechiney, précise le groupe.

« Nous comprenons l’inquiétude que cette période peut générer. Dès à présent, nous sommes à l’écoute de tous les salariés et vous assurons que nous allons mettre tous les moyens en place pour accompagner cette période de changement difficile », ajoute Mme Maryline Labatut, la Directrice des Ressources Humaines d’Aluminium Pechiney Rio Tinto Alcan.

Un plan "innacceptable" pour Bercy

Au surlendemain de l'annonce, le Ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a déclaré à la presse que "le plan de sauvegarde de l'emploi annoncé par Rio Tinto Alcan n'est pas acceptable en l'état", évoquant "une réflexion globale sur l'avenir de la filière aluminium en France, en cours avec l'ensemble des acteurs industriels concernés ainsi que les organisations syndicales".

Contactée, la présidence de la filiale EMEA du groupe a décliné notre proposition d’éclairage à cause des obligations légales en vigueur dans une telle procédure de réserver la primeur des informations et constats aux délégués des personnels.

"Un massacre que rien ne justifie"

Ceux-ci n’ont pas tardé à réagir officiellement, à commencer par M. Jean-Jacques Martin, représentant syndical central CFE-CGC métal primaire pour l’Europe, le Moyen-orient et l’Afrique chez Rio Tinto Alcan, qui estime que l’ensemble de la procédure doit être revue et annulée : « C’est un massacre que rien ne justifie », attaque le syndicat pourtant réputé pour sa modération.

« Lors du CCE extraordinaire du 21 novembre à Voreppe (Isère) il a été annoncé que 148 postes était menacés sur les 1712 survivants d’AP. Sur le LRF, ce sont 39 emplois qui sont menacés. La direction justifie ces diminutions d’emplois par le fait que la proportion des fonctions supports sur les effectifs de production est passée de 31% à 49% de 2009 à 2012 », argumente M. Martin.

« Mais la faute à qui ? Comment peut-ont décemment écrire de telles choses quand la direction applique en 2010 un PSE axé principalement sur les sites de production puis qu’elle décide de vendre un site industriel (Gardanne) tout en conservant la partie R&D du site ? », demande le délégué « central » CFE-CGC d’Alu Pechiney.

R&D service support?

« Cette décision à elle seule explique l’augmentation des services support étant donné que nous venons douloureusement d’apprendre hier que la R&D n’était qu’un service support pour Rio Tinto. Et quel sens a un tel ratio limité à la société AP quand on sait que le LRF a une activité qui, heureusement, dépasse le périmètre de plus en plus étriqué de la société ? », continue M. Martin.

« Comment peut-on nous dire que le budget du LRF est amputé de 30% à cause d’une vente hypothétique d’usines dans le pacifique ? Le métal produit par ces usines Rio Tinto continue à en tirer profit mais par contre, ces tonnes ne comptent plus pour financer la R&D », ajoute-t-il dans ce plaidoyer pro domo.

« Où est passé l’effort déjà réalisé au début de l’année par le non remplacement des départs naturels ? Nous ne connaissons pas à ce jour le détail des postes que la direction veut supprimer, mais la CFE-CGC se battra pied à pied pour obtenir un justificatif économique sérieux et crédible pour chaque poste potentiellement impacté. Il faudra déjà que la direction nous explique pourquoi, alors que nous sommes bien trop nombreux à son goût, elle en est réduite à utiliser des retraités pour être à même de mener à bien les projets en cours », attaque en conclusion la CFE-CGC.

On le voit, les semaines à venir vont être délicates pour l’ensemble du groupe canadien et ses filiales européennes. D’autant que les clients de ces groupes, hormis ceux de l’aéronautique, ne connaissent pas une conjoncture très favorable susceptible de les aider à ne pas chercher de solutions de sourcing externes à l’Union européenne.

 

Christophe Journet

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Mis à jour (Mardi, 25 Octobre 2016 09:02)