PARIS (MPE-Média) – Le secrétaire général de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) M. François Chérèque a déclaré hier sur France 5 à propos d’ArcelorMittal Florange (Moselle) être « favorable à une nationalisation provisoire » de l’aciérie. La Confédération Générale du Travail (CGT) et les élus locaux pressent aussi le pas à moins de cinq jours de l’échéance fixée par le groupe ArcelorMittal au gouvernement français pour trouver un repreneur à la phase à chaud de l’aciérie mosellanne, sans succès à ce jour. Officiellement du moins, car le Ministre du redressement productif M. Montebourg a déclaré ce lundi lors d'une visite de l'usine Duralex dans le centre de la France qu'il étudiait une offre qualifiée de minoritaire pour opérer une nationalisation partielle provisoire de la phase à chaud de Florange. Le PDG d'ArcelorMittal M. Lakshmi Mittal devrait rencontrer le Président de la République ce mardi à l'Elysée pour en parler, non sans déplorer des propos tenus ce lundi dans la presse à son encontre par M. Montebourg.

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François Chérèque à Florange en 2012 (ph SD municipalité de Florange)

Si la CFDT n'est pas favorable à une nationalisation de l’ensemble de la sidérurgie, son secrétaire général a déclaré dimanche à nos confrères de France 5 que « d'une façon provisoire, que l’État rachète le site entier de Florange pour le revendre à un industriel français, ou autre, qui garderait l'ensemble du site serait intéressant ».

Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, avait déjà estimé cette année lors d’une visite à Florange qu'il serait effectivement « intéressant de nationaliser de façon provisoire » l’aciérie intégrée d’ArcelorMittal Florange, comme le Ministre du Redressement productif M. Arnaud Montebourg l’a réaffirmé publiquement au Sénat jeudi dernier. M. Chérèque avait évoqué ce thème à l’époque en présence du secrétaire général adjoint de la nouvelle Fédération européenne de la métallurgie « Industriall » M. Barth Samyn et du secrétaire général de la Fédération de la métallurgie et des mines CFDT M. Dominique Gillier lors d’une rencontre débat avec les sidérurgistes et les délégués syndicaux.

Relancer le projet européen ULCOS 2

M. François Chérèque pense que l’opération pourrait permettre à Florange de mettre en oeuvre le projet européen ULCOS (Ultra-Low Carbon dioxide (CO2) Steelmaking, ce qui signifie Processus sidérurgiques à très basses émissions de CO2), « pour faire une aciérie plus propre. Ce serait une façon de relancer la filière européenne de l'aciérie que M. Mittal est en train de faire mourir », a poursuivi M. Chérèque. « Il y a du sens à ce que l'Etat fasse pression sur Mittal » pour « mettre le projet de Florange dans un projet de développement durable européen », a-t-il ajouté.

La CFDT a organisé une table ronde à Florange à la mi-novembre autour de la relance du projet ULCOS 2, le jour où Bruxelles a annoncé que le dossier revenait prochainement à l’examen au-dessus de la pile de la commission européenne pour les financements de projets industriels environnementaux.

Lettre ouverte à François Hollande

À l’initiative du député socialiste M. Michel Liebgott, élus et représentants de l’intersyndicale de Florange ont rédigé ce week-end une lettre ouverte au président de la République, réaffirmant leur « détermination à appliquer les conclusions du rapport Faure », dénonçant « le chantage à l’emploi d’ArcelorMittal ». Les signataires demandent « une prise de contrôle publique temporaire de l’État pour permettre à un opérateur industriel de reprendre l’activité de l’ensemble du site », peut-on lire sur le blog de la CFDT de Florange.

La CGT favorable à une cession complète du site

La CGT métallurgie publie ce lundi 26 novembre un nouveau communiqué estimant que « ArcelorMittal doit céder Florange dans son entier. Il en va du développement de toute notre industrie », ajoute la centrale, qui « réclame une prise de participation de l’Etat dans cette opération de reprise du site, au minimum à hauteur d’une minorité de blocage, étant donné la place stratégique de la sidérurgie dans notre industrie. »

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La progression de l’action d’ArcelorMittal ces derniers temps (source www.zonebourse.com)

La tension est aussi remontée d’un cran entre le ministre du Redressement productif M. Montebourg et le PDG du groupe basé à Luxembourg M. Lakshmi Mittal, à cinq jours de l’expiration du délai de deux mois proposé par le géant de l’acier mondial au gouvernement français pour tenter de trouver un repreneur pour la seule phase à chaud de Florange : « Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France », a déclaré M. Montebourg aux Echos. « Les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants », ajoute le Ministre français dans cet entretien en date du 26 novembre.

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Le Ministre du Redressement productif M. Arnaud Montebourg avait déjà déclaré la guerre au groupe ArcelorMittal lors d'une conférence de presse tenue à Bercy en juin 2012 (ph CJ archives MPE-Média)

Rapport Faure

Les propos de M. Montebourg se fondent sur les conclusions du rapport étatique Faure commandé l’été dernier à un haut fonctionnaire qui a audité des experts et des industriels à propos de la situation du groupe en France, en Europe et dans le monde : « Le rapport Faure nous a confirmé que le site de Florange est viable », avait déclaré le Ministre lors de la réception du rapport. « Le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n'est pas les hauts fourneaux de Florange, c'est Mittal », poursuit à présent le Ministre qui note que le groupe luxembourgeois « n’a jamais tenu ses engagements vis-à-vis de l’Etat français » depuis la fusion avec Arcelor intervenue en 2006.

M. Montebourg évoque de nouveau la possibilité « d’une association avec un opérateur industriel, minoritaire dans le capital le temps de stabiliser l'activité ». Mais pour l’instant, aucun nom n’est cité. Après les rumeurs sans fondement – telle que celle d’une reprise de Florange par le groupe Severstal, un aciériste russe, information non fondée et malheureusement reprise par plusieurs médias français dont les Echos, qui provenait d’une manipulation en bourse à Moscou lancée par des groupements d’actionnaires russes souhaitant faire chuter le cours de l’action du dit sidérurgiste – vient le temps d’un sinistre compte à rebours avant ouverture d’un nouveau plan de sauvegarde de l’emploi pour ArcelorMital Atlantique Lorraine Florange. A moins que l’Elysée n’accouche d’une solution dans la semaine, après la rencontre annoncée ce mardi par des sources proches des ministères et du dossier entre le PDG d'ArcelorMittal M. Lakshmi Mittal et le Président de la République François Hollande.

Interrogé lundi à ce sujet, le groupe ArcelorMittal refuse de commenter, de confirmer ou d'infirmer l'information.

Christophe Journet

A voir aussi sur :

http://cfdt-arcelormittalflorange

http://florange.fr/actualites

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Mis à jour (Mardi, 25 Octobre 2016 09:02)