PARIS (MPE-Média) – L’Elysée devait rendre public ce vendredi 30 novembre sa décision dans l’hypothèse d’un accord de cession reprise du site ArcelorMittal de Florange et de ses hauts-fourneaux mais conserve le silence à ce propos en début de soirée sans prévoir de communication avant ce week-end au plus tôt. Il faut dire que la décision n'est pas simple à prendre.

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L'Elysée doit tenir compte d'opinions tout à fait contraire à son choix de tenter la reprise du site de Florange, tout ou partie, qui nie selon plusieurs experts et quelques éditorialistes influents la réalité du marché de l'acier, jusqu'à cette semaine du moins, car la fermeture complète de l'aciérie italienne d'Ilva Riva à Tarante pourrait bien changer la donne à court ou moyen terme, en créant un début de manque sur le marché européen des aciers plats au carbone au premier trimestre 2013. Un manque dont Florange est bien placé pour bénéficier.

La justice italienne a placé sous séquestre 4 mois de production d'acier à Tarante, chez Riva, confirme une de nos sources en Italie, ce qui représente déjà pas loin de 2,5 Mt d'acier en moins sur le marché des aciers plats italien et des pays périphériques.

Où se trouvent les surcapacités en Europe? Elles se trouvent chez ArcelorMittal, chez ThyssenKrupp et chez Riva, chez les aciéristes qui travaillent encore avec des sites intégrés associant des hauts-fourneaux traditionnels à des lignes de production de bobines à chaud ou à froid, explique le consultant globalisé et PDG de Laplace-Conseil Marcel Genet. L'allemand ThyssenKrupp a trop investi dans de nouvelles unités au Brésil et aux Etats-Unis et doit à présent renvoyer ses stocks nord-américains en Europe au détriment de ses propres usines d'outre-Rhin, poursuit Marcel Genet.

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Alexei Mordashov, PDG de Severstal, Pdt de worldsteel depuis peu n'a pas vocation à racheter Florange, contrairement à ce qu'ont fait croire des actionnaires russes pour faire chuter l'action Severstal à Moscou voici quelques semaines. De plus, la France lui avait refusé la reprise d'Arcelor en 2006, lui préférant Lakshi Mittal avec le soutien de M. Romain Zaleski, le repreneur actuellement en discussion avec l'Elysée et M. Mittal à propos de Florange (ph Worldsteel archives MPE-Média)

M.. Marcel Genet a aussi observé les récents réajustements financiers opérés par le groupe ArcelorMittal pour tenter de juguler son encours de dette et parvenir ainsi à se développer en Chine et en Inde, voire au Brésil, où pour l'instant il ne bénéficie pas de la possibilité de produire directement de l'acier - hormis inoxydable via sa filiale Aperam. Le PDG de Laplace-Conseil estime que le géant de l'acier aurait intérêt à revoir son modèle d'investissement pour mieux préparer la reprise en faisant évoluer technologiquement ses moyens de production en France, en Belgique et dans les autres pays où il est présent.

M. Genet pense donc que l'intérêt objectif d'ArcelorMittal est de trouver un terrain d'entente avec les européens pour garantir son développement lorsque la crise de l'eurozone aura fini de plomber ses résultats.

En 2010, le PDG d'ArcelorMittal nous confiait qu'il n'excluait pas de réinvestir dans des usines neuves en Europe et en France dès que la crise de l'eurozone ne serait plus qu'un mauvais souvenir. En attendant, il disait devoir opérer des réorganisations et prendre des mesures de ressources humaines afin de passer ce cap sans perdre les savoir-faires régionaux indispensables lors de la reprise attendue.

La solution de l'Elysée

La solution proposée par l'Elysée, celle d'une reprise en partie publique, en partie privée, est sans doute le scénario le moins pire, notamment sur le plan social, même si les aciéristes globaux les plus performants savent tous que la filière des anciens hauts-fourneaux est à présent obsolète, ajoute M. Genet, et qu'elle doit céder la place à des fours électriques plus performants, dont l'efficacité a été testée par les aciéristes japonais puis exportée en Corée du sud et aux Etats-Unis, où les aciéristes qui ont réalisé de telles usines sont en profitabilité.

Le ministère du Redressement productif explique pour sa part ne pas prévoir de communication ce vendredi, laissant l’Elysée exposer en premier les détails du compromis recherché entre le géant mondial de l’acier et un éventuel repreneur privé associé à l’Etat français. Contacté, le service de presse de l’Elysée répond n’avoir rien, mais « strictement rien » à communiquer ni pouvoir donner d’heure prévue pour une telle information.

(A suivre)

C.J.

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Mis à jour (Mardi, 25 Octobre 2016 09:09)