PARIS (MPE-Média) – « L’Europe doit pouvoir continuer à produire de l’acier, l’Union européenne doit comprendre que le fait d’être aux avant-postes de la lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas la conduire à aller contre les conditions favorables à la production d’acier », a déclaré le Président de la Fédération Française de l’Acier (FFA) M. Philippe Darmayan en inaugurant la séance pleinière des Journées Sidérurgiques internationales à Paris ce mardi.

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Suivi par une présentation détaillée par M. Henri-Pierre Orsoni, le PDG d’ArcelorMittal Atlantique Lorraine et DG opérationnel de l’aciérie de Dunkerque de ce que représente le groupe ArcelorMittal en France et dans le monde, où il employe près de 260.000 personnes, le discours du Président de la FFA a d’abord cherché à marquer le terrain dans un contexte compétitif global :

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M. Philippe Darmayan, Pdt de la Fédération française de l'acier (ph CJ MPE-Média)

« La question est de savoir si nous allons pouvoir continuer à produire de l’acier en Europe. Produire de l’acier est essentiel pour nos constructeurs automobiles, pour tous les industriels, pour l’équilibre de nos sociétés », a affirmé M. Darmayan en face de près de 400 professionnels venus du monde entier pour cette relance des JSI, interrompues par la crise en 2008.

« Nous connaissons des surcapacités globales d’acier de 15 à 20% et européennes de 20 à 25%, ce qui nous oblige à nous réorganiser, à réduire la ressource disponible sur nos marchés. Pour ce faire, les producteurs d’acier ont besoin d’un soutien public, pas d’un outrage permanent à l’acier (« steel-bashing ») pour soutenir notre compétitivité, améliorer nos relations d’affaires dans le monde, conserver leur fair-play de rigueur, ainsi que le caractère durable et acceptable sur le plan des coûts de production », a poursuivi le Président de la FFA.

« Le débat en cours en France sur la transition énergétique est important pour nous à ce titre et pour le futur de l’acier. Nous devrons continuer à avancer sur le recyclage, sur la valorisation des émissions de gaz et pour cela nous avons clairement besoin d’une meilleure régulation européenne des marchés de l’acier », a déclaré M. Darmayan.

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Sur le stand de Affival (groupe SKW), M. Reiner Bunnenberg, Ceo de SKW - au premier plan - venu de Munich pour ces JSI (ph CJ MPE-Média)

« L’Union européenne est aux avant-postes de la lutte contre le réchauffement climatique, mais elle doit comprendre que ceci ne doit pas aller contre la production d’acier dans ses territoires. L’UE doit soutenir fermement des mesures anti-dumping plus fortes et aider ainsi les aciéristes à maintenir l’équilibre commercial avec les fournisseurs globaux de ressources minérales et de matières premières sidérurgiques », a conclu M. Darmayan.

Les challenges dans lesquels l’industrie de l’acier française et mondiale est engagée ont été décrit par l’économiste de l’OCDE en charge des marchés de l’acier, M. Anthony de Carvalho, reconnaissant que les surcapacités en acier atteignent cette année des niveaux records : « le risque représenté par cet excés de ressource justifie des modes d’action commerciale et des mesures gouvernementales efficaces, car la demande globale d’acier doit continuer à augmenter encore jusqu’à 2,3 milliards de tonnes d’acier brut par an d’ici à 2025 » – contre près de 1,6 milliards anticipés en 2013 NDLR.

Plus d’une centaine d’interventions d’un haut niveau scientifique et technologique se déroulent dans les murs de la Maison de la Chimie de Paris depuis ce mardi jusqu’à mercredi, qui permettent de comprendre comment les producteurs européens et des autres régions du monde répondent chacun à leur façon aux exigences environnementales, notamment par la poursuite des autres volets du programme ULCOS, dont l’expérimentation reportée à Florange par ArcelorMittal n’est qu’une des facettes.

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Quand l'Inde discute avec le Japon : une spécialité des JSI, qui permettent à des professionnels du monde entier de se parler directement des toutes dernières technologies de l'acier (ph CJ MPE-Média)

Les modes alternatifs de production d’acier à la filière fonte classique se développent un peu partout dans le monde, notamment grâce aux usines mettant en œuvre la réduction directe du minerai de fer avant première fusion avec du coke, ou encore grâce au succès du procédé « Hisarna » expérimenté cette année en Hollande par Tata Steel. Un procédé qui consiste à injecter directement le charbon à coke et le minerai de fer en haut d’un haut-fourneau et à les monter à très haute température à l’aide d’oxygène pur.

« D’ici à 2050, nous aurons réussi à réduire les émissions de CO2 de 50 à 60% au moins grâce à ces procédés. ArcelorMittal, Tata Steel, TK, Ilva, VoestAlpine, LKAB, Dillingen/Saarstahl et quelques autres partenaires du projet ULCOS 2 entré dans sa phase d’essais industriels y contribuent tous au pro-rata de leurs moyens respectifs », a souligné un intervenant de Tata Steel. Le groupe minier Rio Tinto participe aussi à ces recherches en travaillant sur la préparation de minerais de fer de différentes densités afin de parvenir à optimiser son emploi.

Une 3e campagne de production d’acier alternatif par la filière Hisarna doit avoir lieu en Hollande en 2013, les essais menés jusqu’en décembre 2012 ayant permis de produire jusqu’à 4 à 5 tonnes d’acier par heure en consommant 80% du minerai de fer injecté et à peine plus de 1.000 kg de charbon à coke par tonne d’acier, les aciéristes cherchant à réduire leur dépendance énergétique au charbon à coke, précise cet internvenant de Tata Steel.

Au Japon et en Inde, les constats sont les mêmes : il faut améliorer la qualité de la production de minerai de fer grâce à de nouveaux procédés de « frittage » (sintering) ou d’agglomération préalable du minerai avant combustion et résoudre l’équation énergétique.

Christophe Journet

Plus de détails sur :

www.acier.org

www.oecd.org/sti/steel

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Mis à jour (Mardi, 25 Octobre 2016 09:40)