Accueil Industrie Fédérations FEDERREC et A3M parlent « sidérurgie et décarbonation »

PARIS (MPE-Média) - Le président de FEDERREC François Excoffier recevait le 4 février dernier en soirée spéciale dans l’amphi rénové de la Fédération française du Recyclage et du Réemploi des personnalités clés de la filière sidérurgique pour débattre de sa situation jugée critique actuellement en France comme en Europe. Détails.

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Le Pdt de FEDERREC François Excoffier (à gauche sur la photo) en compagnie des intervenants d’A3M et du Directeur de FEDERREC Manuel Burnand (à droite – Ph CJ)

Le recyclage de l’acier fait partie des filières historiques et fondatrices de FEDERREC qui fête ses 80 ans en 2025. Soucieuse de construire l’avenir avec les clients des matières premières issues du recyclage produites par ses adhérents, pilier historique de l’industrie française, les recycleurs de déchets de métaux servent la sidérurgie qui s’appuie sur 3 métiers complémentaires : Les hauts-fourreaux, les fours à arc électrique et les fonderies. Elle rencontre ces temps-ci de très profondes difficultés au regard du prix de l’énergie en Europe et des surcapacités industrielles chinoises qui inondent les marchés mondiaux avec le soutien de Pékin.

Les ambitions de décarbonation qui découlent de l’accord de Paris sur le climat de 2015, et qui s’imposent aux grands secteurs industriels français, sont confrontées aux dynamiques américaines et chinoises non tenues de respecter les règles climatiques et dans le même temps aux difficultés budgétaires françaises.

 

Dans le contexte de la guerre en Ukraine et face à ces équations complexes, les intervenants de haut niveau de cette récente conférence nocturne de février ont présenté leurs convictions, leurs ambitions et aussi les défis qui restent à relever pour préserver la sidérurgie française et européenne, en présence du Directeur général de l’Alliance Minerais Minéraux Métaux (A3M) Bruno Jacquemin, de Maxime Lazard (A3M), de Raphaël Rey Pdg d’Ugitech, de David Valenti (Thy Marcinellen, filiale de Riva Group International), de Juliette Leboda, conseillère du ministre de l’Industrie et de l’Énergie Marc Ferracci et des représentants du Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) dont FEDERREC est membre, Fabrice Le Saché, Vice-Président en charge de l’Europe du MEDEF et Jean-Baptiste Léger. Des administrateurs d’ASCOVAL, d’APERAM, du groupe CELSA suivaient aussi la soirée en compagnie d’une cinquantaine d’entrepreneurs du recyclage et du réemploi en salle ou en ligne ainsi que de quelques collègues de la presse spécialisée.

 

Une trentaine de métaux différents en jeu dont l'acier

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Dans l'aciérie ArcelorMittal de Dunkerque la production de brames d'acier brut (Ph archives MPE-Média)

Cette réunion débutait par une présentation d’A3M par son Directeur Bruno Jacquemin, évoquant le fait que nombre d’entreprises travaillent de plus en plus avec une trentaine de métaux différents, dont ceux qui sont indispensables pour la transition écologique, qui doivent être des métaux décarbonés. « La filière métallurgie et sidérurgie est indispensable pour l’indépendance, l’autonomie stratégique de notre pays ». Ce qui suppose une programmation et un soutien, un accompagnement régulier et constant. Il évoque aussi « l’enjeu de compétitivité » des productions, sécurité d’approvisionnement, pour plus de 250 sites industriels qui représentent entre 35 et 40 Mrds€ de chiffre d’affaires global.

« Nous vivons une crise existentielle dont la dynamique est mondiale », rappelle Bruno Jacquemin. Entre enjeux de décarbonation, concurrence internationale agressive et généralisée, choc des coûts de l’énergie, inconnus entre hydrogène, biogaz, biomasse, minerai de fer réduit à la source (DRI), donc un vrai manque de lisibilité de long terme dans la période. « On voit bien qu’on va vers la voie électrique, la voie fonte traditionnelle se réduisant de plus en plus. C’est un énorme enjeu avec les coûts qui sont derrière », continue-t-il. Sans oublier le fameux mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) institué par Bruxelles, les règlementations environnementales, fiscales, et le grave problème des surcapacités mondiales développées notamment par la Chine et ses partenaires asiatiques.

« Ces difficultés sont connues aussi dans d’autres régions du monde », rappelle le Directeur d’A3M. « Un des points majeurs pour nous est évidemment le coût de l’énergie », souligne-t-il.

 

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FEDERREC VHU poursuit les discussions avec les ministères au sujet des nouvelles règles imposées par la nouvelle filière REP au détriment des recycleurs de véhicules en fin de vie (Ph SD FEDERREC)

Intervenant pour Derichebourg environnement, spécialiste des ferrailles, Tess Pozzi évoque l’étude récente de France Stratégie à propos de la sidérurgie qui n’a pas été bien reçue par la profession des recycleurs de métaux et les sidérurgistes : « Dire qu’on peut se passer de ce socle sidérurgique est une erreur », renchérit Bruno Jacquemin. « Pour bien décarboner, la neutralité technologique est essentielle », ajoute David Valenti (Riva). « La seule chose de bien que nous ayons en Europe, c’est la ferraille. À condition que les conditions de marché soient plus équilibrées. Et qu’on puisse faire payer l’acier vert par le client final, sans coût excessif de l’énergie. Une définition de l’acier vert reste à inventer », dit-il.

 

« Ce sont les indiens qui nous font du mal »

« Il n’y a pas assez de ferrailles pour faire de l’acier recyclé à 100% à partir de ferrailles », stresse Raphaël Rey, producteur d’inoxydable en Savoie chez Ugitech, qui dispose « de six aciéries fonctionnant avec des fours électriques et qui consomme 60 000 tonnes de ferrailles par an ».

Ugitech vend « de l’acier spécifié, condition pour répondre aux appels d’offres ». Raphaël Rey note qu’aujourd’hui, « ce sont les indiens qui vendent des produits manufacturés aux prix de la ferraille d’inoxydables 304 ou 316 qui nous font du mal (...) alors que nos concurrents européens ne nous gênent pas », ajoute-t-il en demandant à être écouté par les pouvoirs publics, les élus mais aussi « par les citoyens ».

« L’Italie, l’Allemagne, un peu la France, l’Espagne, la Belgique, compte parmi les principaux producteurs d’acier en Europe », rappelle Bruno Jacquemin, qui revient sur le texte européen de loi sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, « le MACF qui est une voie royale pour nos concurrents pour rentrer leurs produits sur le territoire européen, un texte trop flou pour être efficace lorsqu’on a des enjeux commerciaux immédiats ».

Bruno Jacquemin rappelle que le rapport Draghi préconise de différer de quelques années l’instauration des quotas carbone pour les producteurs de métaux une fois les quotas gratuits encore en vigueur arrêtés.

« Ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est qu’on a de plus en plus de clients qui recommencent à délocaliser leurs productions et qui nous proposent même de venir avec eux », réagit Raphaël Rey, qui souhaite « plus de transversalité entre les business, entre les associations, tant que l’écosystème existe encore chez nous, en Europe ».

 

Trois mesures clés pour réussir

Résumons, mesure numéro 1 : Taxer les surcapacités ; mesure numéro 2 : protéger le marché européen ; mesure numéro 3 : revoir le mode de fixation des prix de l’énergie électrique, une énergie décarbonée.

« La clé, c’est l’énergie en Italie » souligne un ancien adhérent de FEDERREC, Vincent Bartin, fondateur de BELENERGIA (Bruxelles, et en Italie), recycleur de métaux et producteur d’énergie verte. « La baguette magique, c’est d’abord une réelle prise de conscience de la situation et un plan Marshall avec des mesures exceptionnelles, dont l’arrêt de l’Organisation Mondiale du Commerce », déclare Bruno Jacquemin.

« Il faut que ça marche mieux pour vous et pour nous recycleurs aussi, il faut pour cela que le partage de la valeur des matières soit juste. S’il n’y a pas de production, il n’y aura pas de ferrailles, nous n’aurons plus de produits, ça s’appellerait la récession. Sommes-nous en récession ou pas, de façon durable, c’est une question, je vous donne donc rendez-vous pour l’avenir », a conclu François Excoffier, le Pdt de FEDERREC.

« Tous les pays voisins sont arrivés à résorber leurs déficits. Le secteur privé français doit être solidaire pour porter ces sujets », ajoute Fabrice Le Saché, Vice-Président en charge de l’Europe du MEDEF. « En fait, cette soirée nous montre que nous avons besoin les uns des autres, professionnels du recyclage comme sidérurgistes », a conclu le Pdt de FEDERREC François Excoffier.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

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Voir aussi via https://www.a3ms.fr

https://federrec.com


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